On est dans un petit village du Périgord. Paul célibataire endurci est employé municipal et passionné de chasse à la palombe. Il passe la plupart de son temps en haut de la palombière qu’il a construit au milieu de la forêt. Davantage à observer le vol des oiseaux plutôt que les chasser.
Claire est la nouvelle institutrice du village, elle vient d’arriver. Paul va en tomber amoureux.
C’est le premier film que je vois de Jean-Pierre Denis est c’est une vraie belle découverte. Ce film est un petit bijou.
Ce qui est très beau, c’est que le cinéaste perce son cadre un peu rêche de percées romantiques. Mais qui ne sont jamais des élans lyriques, plutôt de petites touches, des regards et surtout une libération succincte et ponctuelle de la parole, de sentiments à peine dévoilés, avec pudeur, qui deviennent alors proprement bouleversants.
Le cadre est formidablement exposé, en peu de scènes on comprend tout de ce lieu, de ce village. Tout existe, les personnages annexes (le père de Jean, sa sœur qui va se marier, le amis de Paul,…), les décors, les évènements (un bar, une fête de village,…). Il y a une approche documentaire que l’on peu retrouver un peu chez Olmi.
Et au milieu de ce cadre il y a Paul et Claire.
Tout est doux dans ce film, la mise en scène de Denis est caressante, bienveillante malgré toute la sècheresse que l’on ressent au premier abord, il aime et suit tous ses personnages jusqu’au bout.
Et puis il y a une idée formidable. Paul s’occupe donc d’une palombière, il élève des palombes qui vont servir de leurre pour attirer les palombes sauvages. Celle-ci, l’appât, a la patte attachée à un fil. Paul est cette palombe attachée, il est fixé au sol, ancré dans ce terroir. Il est né ici et ne pourra jamais en partir, comme son père, comme ses amis, sa vie est ici. Claire est une palombe sauvage. Elle n’est pas ancrée au sol, elle vole, elle est libre. Elle traverse le cadre. Ponctuellement elle va être attirée par la palombe au sol, mais elle repartira vers d’autres cieux. Elle est de passage.
Tout repose sur cette idée magnifique et mélancolique. Paul observe les palombes en plein ciel dessinant des nuages gracieux.