Tout part en fumée
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Après Vingt dieux, Nos enfants après eux ou, à un degré moindre, L’Amour Ouf, le cinéma français offre une nouvelle variation du coming of age movie en milieu rural. La Pampa va cependant faire un pas de côté et nous emmener dans une direction pas forcément attendue.
Sur cette histoire d’amitié et de passion familiale autour du motocross qui aurait en soi pu se suffire à elle-même, Antoine Chevrollier va venir apposer une couche dramatique au fond tristement banale sur le poids mortifère du regard social, les affres de la masculinité toxique, et les conséquences parfois effroyables des injonctions à la virilité imposées aux garçons.
Pour son premier long-métrage, le réalisateur brasse beaucoup de sujets, sans doute trop pour tous bien les traiter. Peut-être paie-t-il là la complexité de passer d’un format sériel à celui d’un film de cinéma. Chevrollier a en effet dirigé des épisodes de séries prestigieuses comme Le Bureau des Légendes, Baron Noir ou Oussekine (avec déjà Sayyid El Alami) qui permettent de développer une histoire et ses ramifications sur un temps long, alors que le scénario d’un film sera forcément plus concis et demande de faire des choix. On peut ainsi regretter qu’il ne creuse pas plus les ressorts de la relation amicale, quasi fraternelle, qui unit Willy et Jojo et la manière dont ils naviguent à deux dans cet environnement. Le scénario doit également faire avec quelques incohérences ou du moins des facilités, dont une majeure qui conditionnera la montée en tension et le dénouement. Avec plusieurs arcs narratifs traités simultanément, le réalisateur s’y perd parfois, flirtant avec le soap et le drama facile. La mise en scène manque par ailleurs un peu de caractère et de rigueur, et la direction d’acteur est parfois défaillante, ce qui entraine des creux dans la narration.
Malgré cela, La Pampa offre un premier final puissant, qui répond violemment mais pertinemment à certains sujets traités jusque là, incitant autant à la réflexion qu’à la colère. Il aurait pu s’arrêter là, mais il s’éternise dans un second final qui pèche en crédibilité, comme s’il fallait adoucir la rage engendrée par le climax précédent. C’est dommage parce que ça atténue la force du message qu’il porte avec beaucoup de sincérité. Un message important, utile et nécessaire, mais parfois maladroitement adressé.
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il y a 4 jours
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