Il y a beaucoup de bonnes raisons d'aimer La Pampa, comme par exemple le fait qu'il s'agisse d'un autre film français récent qui parle, et en parle bien, de la Province, nous changeant agréablement des obsessions devenues prévisibles, donc pénibles, des réalisateurs parisiens. Comme la qualité générale de son interprétation : les deux ados formidables, Bonnard pas loin de l'exceptionnel sur ce coup-ci, Artus surprenant (ce qui est déjà pas mal). Comme la force émotionnelle de la partie centrale du film, centrée sur le calvaire de Jojo, harcelé, rejeté, littéralement massacré pour son homosexualité. Comme l'intelligence de la dernière partie, qui évite que le film se conclue justement sur une démonstration anti-homophobie, mais affirme que la Vie va continuer, même si l'on n'oubliera jamais ce qui s'est passé. Comme la description simple mais pertinente d'un milieu, celui du moto-cross, celui des fous de motos. Comme l'intérêt des personnages secondaires, tant au niveau narration que dans la constitution d'un univers riche, réaliste et crédible.
Personnellement, j'ai adhéré à chaque minute du film. Mes souvenirs personnels ne sont pourtant pas les mêmes que ceux d'Antoine Chevrollier - pas de la même époque, pas de la même région géographique, sans même de points communs avec ce drame qui est conté dans La Pampa -, mais j'ai ressenti devant le film certaines choses que je n'avais pas ressentie en moi depuis mon adolescence. Disons que ça relève de l'universalité du cinéma, quand il est sincère, intègre. Quand il est bon.
On attend la suite avec impatience.
[Critique écrite en 2025]