Miracles de la foi
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Il est plaisant de se pencher sur la réception d'une œuvre d'une telle prétention au sein de la tribu des cinéphiles. Pour rappel, ce sont eux qui décident, collectivement, de la postérité. Leurs avis sont convergents, comme le sont autant de gouttes d'eau dans une vague à qui rien ne résiste. Surtout, ils sont détestables. Leur phrasé librement articulé autour de la première personne, le style pompeux et le verbiage qui trahirait le recours à un dictionnaire des synonymes juste pour faire joli, suggèrent un portrait imbu et autocentré. Ils s'écoutent parler. Alors, quoi de plus détestable ? "Ma vie [de spectateur], mon œuvre [de collectionneur]"
La Parole, le phare de Tarkovski, est l'une de ces torches qui projettent la lumière sur tous ceux-là, les matérialistes ouverts d'esprits - autoproclamés. Ils vont juger, avec leur "je", mettre des mots sur les plans et tisser leur histoire par dessus l'histoire. Ici, ils examinent ce que pourrait être selon eux la foi, rien que ça, mais avec un regard qui se veut culturel, intellectuel. Donc avant tout verbeux et égotique au possible. Nous nous trouvons face aux reporters-ethnologues de la BBC des années 70 ; des hommes blancs curieux face à des postiches de cultures archaïques. A travers eux, le péquenaud croyant du siècle dernier est sanctifié. C'est pour la télé. Ceux-là, au-delà de leurs airs qu'on croirait transpirer d'orgueil, ne cherchent en fait qu'à s'amuser. Les fondations sont naïves : ils regardent des films pour se divertir. Finalement, ils se contentent de faire atterrir leur âme, et cela sur une piste bien entretenue par des pairs. Dans cet entre-soi ludique, il n'y a donc pas de pensée propre, rien de personnel, rien à apprendre. Tout ceci est vrai pour presque tout. Mais La Parole en serait peut-être le plus archétypal révélateur. On pourrait se demander s'ils sont sérieux à se sentir expérimenter la foi à travers un plan final sur lequel ils débattent. Mais, c'est un jeu pour eux.
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le 24 janv. 2024
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