[Cette critique sera revue itérativement]

Cet avis se concentre sur le concert, et ne considère par l'avant-gardisme de Michael Jackson qui serait à traiter dans un ensemble plus vaste (e.g., la révolution clipesque, le génie de composition, etc.).

Le concert de Michael Jackson 1992 à Bucarest restera comme l'évènement audiovisuel le plus marquant pour un nombre significatif de spectateurs. Objet d'un véritable pèlerinage, le spectacle génère ce besoin irrépressible d'y revenir régulièrement et affadit comparativement l'ensemble des autres oeuvres vues a posteriori.

Citons d'abord l'entrée sur scène, unique en son genre : celui que l'on nomme le Roi de la Pop sera propulsé du sol puis demeure figé approximativement deux minutes sous les cris et applaudissements intarissables des spectateurs. Puis, tout au long, on aura le souffle coupé devant les hits, pour la majorité les meilleures performances live de la star : Jam, Billie Jean, Beat it ou encore Heal the world et Wanna be startin' somethin' - en chant réél il faut le souligner - ou encore Smooth Criminal, Thriller et Black or white.

Quelques nescients exprimeront leur mécontentement par rapport, notamment, aux trois derniers titres évoqués qui seront interprétés en synchronisation labiale. C'est omettre que le chant est tout de même assuré par Michael Jackson, perfectioniste et authentique, mais que la piste est enchérie par dessus (ce principe de coupler un chant en live avec la piste bande complète en foreground qui prend le dessus est plus facilement identifiable lors du concert de New York en 2001), et peut-être aussi ignorer l'effort physique et la gestion du souffle requis pour réaliser les chorégraphies durant près de deux heures imposant par ce fait quelques astuces. Dans cette idée, un ralentissement du rythme peut être observé à différents moment du spectacle (probablement nécessaires à la fois pour l'artiste et le public), ainsi qu'un final dont on pourrait arguer d'un certain kitsch, mais ces éléments ne contrebalancent pas les moments puissants que le concert génèrent, à savoir cette force émotionnelle singulière introuvable dans toute autre oeuvre.

Car avant d'être de la musique, ou de la danse, ce sont bien d'émotions dont il s'agit. Les mélodies, la chorégraphie, ainsi que du jeu d'acteur de Michael Jackson, génèrent des sentiments et des sensations particulières. Par exemple, pour Jam peut évoquer domination, puissance, frénésie, et pour Billie Jean il s'agirait d'une alternance entre engouement, tragédie, romance. Précisions par exemple que, dans le cas de Billie Jean, bien que le morceau ait un rythme entraînant, les paroles révèlent un aspect sombre : le narrateur se sent piégé et harcelé par les allégations. Il en génère une tension entre le rythme entraînant de la musique et les thèmes tragiques des paroles, d'où une ambiance particulière qu'on retrouvera d'ailleurs dans plusieurs autres morceaux, à l'instar de Smooth Criminal. En plus d'assurer la technicité du chant et de la corégraphie avec brio, Michael Jackson retranscrit ces arrachaments émotionnels par son être tout entier. A ce titre, il incarne un catharsis plus puissant que toute autre oeuvre audiovisuelle. A cela, il faut y ajouter cette maîtrise totale de l'espace et du corps qui, par identification, génère pour le spectateur une extrapolation de ses sens.

"A travers lui, on se voit transcendé."

SirdeWibengrad
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le 19 sept. 2023

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