Littérature, horreur et schizophrénie : un triptyque appétissant qui ne déçoit pas. Alors que la première heure « réaliste » nous oriente sur la piste de la schizophrénie pure et dure, la suite des hostilités réserve des accès fantastiques tout à fait déments. En plus de nous traîner pendant tout le parcours, le guide nous offre de regarder à droite et à gauche pour que chaque passant puisse s'offrir un panorama exotique de ce qu'il cherche dans ce film. Pour moi, une réflexion sur la littérature, de la pensée de soi la plus intimiste (le for intérieur), à l'écriture (et réflexivement la mise en scène) de soi par la biographie, en passant par la remise en cause perpétuelle du scribouilleur qui se figure toujours avec un nouveau jour le « scribouiller bien ».

Mais plus important encore, il fait réfléchir ! Pas de cette réflexion superficielle du style « que vais-je manger ce soir ? » ou bien « ai-je fait tout mon boulot ? », mais plutôt comme un bon bouquin sait le faire : « suis-je totalement sain d'esprit ? », « ai-je le bon comportement, la bonne approche de l'autre au bon moment ? », « est-ce que j'emploie les bons mots ? », « ce que je fais n'est-il pas vain ? ». Mine de rien, il nous inculque une bonne leçon de philo pas faisandée par une autorité gerboulante.

Pas ouf d'un point de vue formel, on s'incline quand même devant la beauté de certains effets, notamment lorsqu'ils représentent un clin d'oeil à la vidéo et par conséquent au cinéma : cf. la scène à l'éclairage du plafonnier alternativement bleu et rouge – RVB/RGB / Matrix etc. si vous voyez ce que je veux dire... Autrement, on reconnaît tout de même la patte de Romero, voyant ci et là dans le maquillage et la manière de tourner le gore des augures des films de zombies qui ont fait sa renommée, bien que la bobine ne fasse ici pas dans le zombie. En fin de compte, si ça vaut le coup de perdre deux heures de son temps, c'est surtout pour l'histoire de Stephen King... Mais quelle histoire !
Adrast
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le 16 mai 2011

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