La Passion de Dodin Bouffant de Trần Anh Hùng est un long, très long, beaucoup trop long métrage se déroulant à la fin du dix-neuvième siècle. Les trente premières minutes du film montrent la préparation d'un repas pour des convives (apparemment des habitués de la maison), ça poêle, ça mijote, ça tranche ... et tout ça, sans le moindre dialogue. C'est surprenant au début, mais passé la surprise, l'ennuie pointe rapidement le bout de son nez.
Et puis, La Passion de Dodin Bouffant s'est aussi une grande histoire d'amour entre Dodin Bouffant (Benoît Magimel) et sa cuisinière/maitresse Eugénie (Juliette Binoche). Eugénie refuse d'être sa femme et préfère conserver son statut de cuisinière, pour je ne sais quelle raison ... si ce n'est peut-être par pudeur ? Mais non, ça j'en doute, puisque le film ne laisse aucun doute sur la relation charnelle entre Dodin et Eugénie. C'est d'ailleurs assez lourdement suggéré par la mise en scène, avec la fameuse scène des poires pochées ...
Trần Anh Hùng fait un montage malaisant entre des poires pochées, à la forme ronde et courbée, préparées par Benoît Magimel et le corps nue de Juliette Binoche sur un lit (ou plutôt la doublure corps de Juliette Binoche, qui en paraît trente ans de moins).
La photographie est très chaude et ensoleillée, trop chaude et ensoleillée. Quand à la mise en scène, elle est très découpée, trop découpée, au point où tout ça, ça en devient très désagréable. C'est alors à se demander comment on a pu lui attribuer le prix de la mise en scène au Festival de Cannes. Et deuxième surprise, c'est le film français qui a été retenu pour concourir aux Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger. Non mais sérieusement ?
On peut tout de même reconnaitre que le film nous met en appétit ! La dimension sensorielle donnée à la préparation de ces plats n'est pas totalement déplaisante. Tout l’intérêt du film, passe d'ailleurs par la préparation de ces plats, filmée de façon sensuelle, voire même érotique (les poires pochées). Malheureusement, tout ce qui gravite autour de la préparation de ces plats sonne faux, ou est sans grand intérêt. Et puis le film se termine de façon abrupte et à ma grande surprise je ne suis pas mécontent que ça s'arrête là, ayant très vite eu l'impression d'en avoir fait le tour.