La Passion du Christ, c'est un peu la suite de Braveheart. On y retrouve le héros qui accepte de se sacrifier pour le bien de la masse, la bêtise du monde, le doute... C'est juste que Jesus n'utilise pas ses muscles et préfère s'armer de gentillesse, de bonté et de pardon. Je ne suis pas vraiment religieux, j'ai tout de même lu la bible et contrairement à ce que j'ai lu et entendu à la sortie du film, je n'ai pas trouvé le film excessif. Il est vrai que les scènes de violence sont longues... mais le choix n'est pas moins honorable qu'une course poursuite ou une scène d'amour. Qui plus est, je trouve que le conflit extérieur (la torture) alimente très fortement le conflit intérieur (le doute).


Car c'est bien de doute dont il est question dans le film. Du moins c'est ce que j'en ai interprété. Dès le début, l'enjeu est posé avec la présence du tentateur qui tourne autour du Christ. Le film alterne alors les conflits de nature interne et externe dans le but de mettre à l'essai la foi du Sauveur. Bon pour ceux qui n'ont pas encore terminé la Bible, désolé, je spoile un peu mais, le Christ meurt, mais s'en sort plutôt bien dans ce combat contre le mal, et ce même si son combat dure jusqu'à ses derniers instants. Par contre, pour ceux qui ont perdu la foi, à la fin, on se dit à leur place 'j'ai ptet fait une bêtise'.


Le scénario est donc plutôt bien ficelé. Mel prend son temps pour raconter et c'est pas plus mal. Il est vrai que le film aurait pu gagner en force en étant plus court. Peut être aussi aurait il été intéressant de creuser un peu plus les motivations de l'ennemi, mais Mel semble vraiment s'être concentré sur la reconstitution des dernières heures heures, omettant ainsi tout le tralala précédant cette partie. Seul Jesus bénéficiera d'un traitement différent (le chouchou!) puisque certains de ses actes seront vaguement rappelés dans quelques flashback.


Ces flashback sont utile au niveau du scénario mais aussi du rythme du film (et donc je parle ici d'un point de vue de montage). Car ces moments de plénitude sont en fait des pauses digressives qui permettent au spectateur de respirer un peu entre deux horribles scènes voire de la tension que l'on peut ressentir. Choix très intelligent du réalisateur-auteur.


La mise en scène est également à couper le souffle. Mel a bien appris son job, il a bien observé les réalisateurs avec qui il a travaillé. Le découpage est efficace, même ses ralentis sont intéressants, car ily a une certaine contemplation poétique qui en ressort, je n'ai pas pris ça pour du misérabilisme. Le ralenti ne pose pas juste sur le Christ agonisant, mais plutôt sur la violence montrée, ou alors l'acte crucial posé par un autre personnage (la traîtrise de Juda). Les couleurs sont super belles, et la scène de nuit qui sert d'introduction est irréprochable. Les enjeux y sont posés ainsi que le rythme du film, lent, contemplatif, et parsemé de quelques digressions.


Un petit mot tout de même sur le choix de la langue. Ça m'a fait plaisir de voir qu'un réalisateur puisse avoir ce caprice. Ce n'était pas nécessaire et ceux qui vomissent la VO en général s'en trouveront peut être déçus, mais tout de même il fallait de sacrées couilles pour imposer cela. L'auteur recommencera avec Apocalypto qui m'avait aussi bien plu à l'époque (à part peut être pour la caméra numérique).


Bref, La passion du Christ est un très bon exercice d'adaptation, de reconstitution mais aussi tout simplement un très bon film tout court. Le point de vue de Mel est intéressant et techniquement au point. Toutefois le film souffre peut être de sa longueur et d'un manque de personnages creusés.

Fatpooper
8
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le 13 oct. 2012

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Fatpooper

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