Au début de la Seconde Guerre Mondiale, Jean Gabin, qui ne voulait pas travailler pour les Allemands, fuit la France pour s'exiler, en compagnie d'autres personnes de la profession, vers les États-Unis. Il y tournera deux films, en langue anglaise, avant de combattre au front. La péniche de l'amour est le premier de ces films, et raconte comment un couple naissant (Gabin s'appelle Bobo !) est empoisonné par un ami jaloux que le jeune homme ne passe plus de temps à rester avec lui à s'amuser. Il va le faire chanteur à travers un meurtre que Bobo aurait accompli alors qu'il était soûl, ce qu'il ne se souvient plus. De plus, il est de plus en plus menaçant vis-à-vis de sa femme, Anna...

Il est marrant de constater que ce film aurait très bien pu être tourné en France car il ressemble dans l'ambiance aux films de Duvivier, au Carné d'avant-guerre. La brume constante (et qui est en fait un cache-misère pour ne pas montrer qu'on est dans des studios !) rappelle bien entendu Quai des brumes. C'est ce qu'on appelle un film tourné en studio, car il n'y a que des intérieurs (essentiellement la péniche de Bobo), ou alors une énorme nappe de brouillard pour suggérer une falaise ou un port.

La grande surprise est bien entendu d'entendre Jean Gabin parler anglais. Contre toute attente, il n'est pas doublé et parle même un très bon anglais. Ce qui est amusant quand on sait qu'il refusera par la suite de s'enregistrer pour les versions étrangères de ses films !
Donc, Gabin est plutôt bien, mais il n'innove pas tellement dans la sens où il a déjà incarné ce type de personnage un peu renfermé mais au cœur d'or. Ida Lupino y joue sa future femme, qui apparait au départ dans une mer en train de se noyer : on dirait qu'elle a 20 ans (elle en avait près de 30 au moment du tournage). Thomas Mitchell, acteur fétiche de Franck Capra, est l'ami de Bobo ; il a vraiment la tête d'un assassin alors qu'on croit au départ que c'est un super pote.

Il est à noter que c'est un film qui devait être réalisé par Fritz Lang (qui a tourné quelques scènes), avant que le projet ne soit confié à Archie Mayo. Je ne sais pas ce qu'il reste du traitement de Lang, mais il y a une très belle scène, presque à la fin, où Gabin poursuit son pote d'une manière calme mais ferme, alors que ce dernier court comme un dératé, avec le brouillard en fond.

Dans la carrière de Jean Gabin, ces deux films, celui-ci y compris donc, font office de curiosités, même si il faut avouer que pour La péniche de l'amour (qui est sorti en France avec un autre acteur doublant Gabin !) ne renouvelle en rien ce qu'on savait de l'acteur.
Boubakar
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le 28 juil. 2014

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