Dans une base américaine située en France, un soldat de couleur noire se voit accorder une permission de trois jours afin de se balader sur Paris. Il va faire la rencontre avec une jeune femme, qui elle est blanche de peau, et si l'amour va être immédiat entre eux, malgré la difficulté du langage, les préjugés raciaux demeurent, comme ils vont s'en rendre compte.
Pour beaucoup de monde, la carrière de Melvin Van Peebles se résume au formidable Sweet Sweetback's Baadasssss Song, et à ses participations en tant qu'acteur. Il ne faut pas oublier qu'il a eu une première carrière en France, travaillant par exemple pour Hara Kiri, et c'est dans ce même pays qu'il aura la chance de réaliser son premier film. Pour un homme aussi engagé qu'il le fut, le sujet a dû le toucher. Car on voit que cet amour entre ces deux personnes, joués par Harry Baird et Nicole Berger (qui mourra d'un accident de la route peu après le tournage) est sincère et que pour eux, la couleur ne se pose pas. Ce qui nous vaut des scènes absolument transgressives, pour l'époque, mais qui nous paraissent bien anodines aujourd'hui, comme le fait qu'ils s'embrassent ou font l'amour, tout ceci montré de manière chaste. Mais c'est aussi la réponse de Berger quand le maitre d’hôtel (joué par Christian Marin !) demande ce qu'elle veut dans sa chambre ; un lit, dit-elle avec un certain empressement qui en dit long.
La permission est un film d'une grande modestie, avec un très beau noir et blanc, qui parle aussi de son époque, avec des gens qui paraissent outrés de voir, pour parler vulgairement, un noir et une blanche se tenir la main, et la peur du qu'en dira-t-on. D'ailleurs, Van Peebles ne s'attarde pas dessus, mais si Nicole Berger est si amoureuse de cet homme venu d'ailleurs, c'est pour une raison plus dramatique, dont on en comprendra la portée lors de la scène finale. Malgré ce budget minuscule, on parle de beaux plans, de split-screen, d'arrêts sur images, et même une scène formidable où, dans la boite de nuit, ce soldat se dédouble en quelque sorte, lui accoudé au bar, et son alter-ego en transparent qui va oser ce qui ne ferait pas.
Comme beaucoup, la carrière Melvin Van Peebles m'est inconnue, mais elle a connu depuis un coup de projecteur depuis que l'éditeur américain Criterion a sorti ses premiers films dans de très belles éditions.J'espère ainsi que La permission aura la reconnaissance qu'il mérite encore et encore.