Boucles brunes et regard sombre, Romain est "un enfant de la lune" condamné à brève échéance, suivi depuis son plus jeune âge par David, le chirurgien dermato qui entretient avec l'adolescent de 13 ans une relation atypique fusionnelle.
Tout à la fois ami et père de substitution, il est celui que Romain admire éperdument, celui auquel le garçon, sans en avoir l'air, confie ses craintes, voire sa peur de ne pas être à la hauteur auprès des filles.
Le film sur un tel sujet aurait pu dégouliner de pathos et de bons sentiments, il n'en est rien, grâce au jeu épuré de Vincent Lindon, sorte de héros au quotidien déchiré par une séparation programmée et obtenue, un abandon que le jeune garçon ne lui pardonnera pas.
Quentin Challal nous impressionne par sa vérité et sa justesse, personnage jamais idéalisé, ange rebelle parfois odieux ce qui constitue aussi l'une des grandes forces du rôle.
Maladie, souffrance, fin précoce, tout est abordé mais la pudeur domine et il s'agit plus d'apprivoiser la mort que de l éviter tout en sachant qu'elle est inéluctable.
Une belle relation pleine de sensibilité et d'émotion contenue, où la passion et les fêlures d'un homme plus fragile qu'il n'y paraît vont transformer cet enfant de la lune en un adolescent solaire prêt à accepter l'inacceptable.