La petite bande

Le film est très agréable de par son énergie et sa douceur. Il peut se placer sans rougir au même niveau que d'autres grands films français avec enfants de ces dernières années comme Tomboy ou plus récemment Petite Nature. Le film suit Aimé, un enfant discret et rejeté par la plupart de ses camarades. Sa scolarité va basculer lorsque une bande d'amis va se résigner à lui proposer de les rejoindre afin de faciliter les votes à mains levées puisque la bande aura alors un nombre impair de membres. Et les votes ne sont pas anodins car ils concernent un projet ambitieux : faire sauter l'usine du village qui pollue la rivière.

L'humour du film est particulièrement réussi grâce à des trouvailles très intelligentes qui permettent de donner au film un côté naïf et attachant. Le gag de l'accent anglais est l'une de ses trouvailles et tout cela participe à donner au film les aspects d'une fable. C'est cet aspect enfantin qui offre au film son énergie, sa douceur et sa fraîcheur.

Toutefois, des thèmes plus sérieux et plus profonds sont abordés en seconde lecture. C'est le cas du harcèlement scolaire puisqu'un scène montrera Aimé se faire frapper par d'autres camarades tandis qu'un membre de la bande fera semblant de ne rien voir. Le thème n'est pas abordé avec un regard moralisateur et n'est présent que pour témoigner de son existence. En comparaison, le traitement qui est réservé au harcèlement scolaire dans Les cinq diables apparaît bien plus artificiel et maladroit. De même, les contextes familiaux des différents enfants sont habilement introduits et apportent une vraie émotion au récit. L'un ne peut voir son père qu'en prison et a le dessein secret de mener le projet à bout pour le rejoindre, l'une voit sa mère malheureuse et maltraitée par son beau-père qui détient l'usine. Le récit n'appuie pas sur ses points et a simplement la volonté de les faire exister, il appartient au spectateur de les saisir et d'en interpréter le rôle dans le récit sans que tout soit prémâché par le réalisateur.

Enfin, le thème central est également intelligemment traité, celui de la pollution et, indirectement, du réchauffement climatique. Il n'y a ici qu'à citer la brillante idée de matérialiser les futures conséquences de l'inaction climatique en défigurant la mignonne petite bande auquelle le spectateur s'était attaché.