La Petite fille de la terre noire s'inscrit dans un corpus cinématographique assez courant, un de ces drames contemplatifs et mélancoliques, sur fond de détresse sociale et politique, auquel une histoire d'amour malheureuse s'ajoute souvent. Il s'agit généralement de films intéressants et personnels, mais il faut reconnaître qu'ils frisent souvent avec l'ennui. Le film est donc construit sur une situation très dure : père licencié, malade et alcoolique, fils avec quelques déficiences mentales, jeune fille remplissant le rôle d'une mère absente, le tout dans un bassin minier en restructuration. Autant dire un film qui n'a rien d'engageant. Pourtant, il est particulièrement réussit et il n'est ni larmoyant, ni dépressif. On assiste même avec tendresse à certaines scènes d'un bonheur léger et innocent et d'autres plus inattendues qui donnent à rire à une salle entière.

La caméra de Soo-il Jeon se veut-être documentaire. C'est le cas dans quelques séquences clairement identifiées. Par exemple l'ouverture du film, dans la mine. Mais la dynamique générale du film n'est pas celle du documentaire, il s'agit davantage d'une fable ou d'un conte. Le film ne cherche pas à représenter une vérité vraie, mais cherche je crois davantage à construire un conte philosophique soumis aux contingences d'une situation ordinaire dans un décor singulier.
D'autre part, c'est un film comble. Scénaristiquement d'abord puisque chaque élément amené finira par être usé. C'est un choix d'écriture risqué, qui donne souvent des films très démonstratifs, mais dont ne souffre pas celui-ci. Rien n'est jamais attendu, on suit simplement les frasques candides de la petite Young-lim (interprétée par l'extraordinaire Yu Yun-mi) à qui l'on demande trop d'être responsable. Mais c'est aussi un film comble par son équilibre des genres. C'est un véritable numéro de funambule, équilibre à mon sens parfait entre mélancolie et délicatesse, gravité et innocence, social et philosophie, plastique et psychologie, documentaire et conte...
Homlett
9
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le 1 nov. 2010

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