Celui qui se définit comme un provocateur, au sens de celui 'qui appelle ´ ou comme un entre deux, Coluche et la métaphysique ou encore un philosophe forain en marge des institutions, ne sort pas de nulle part.
Et bien non, Alain Guyard a réfléchi à la question, a longtemps enseigné la philosophie en lycée, après des recherches dédiées à l'imaginaire et une thèse consacrée à l'alchimie chez
Bachelard, puis plusieurs ouvrages. Il s'est délibérément consacré aux hors les murs. Il' garde une considération de l'enseignement traditionnel. Il se consacre à sortir la philo de ses hauteurs, ´en décravateur de concepts' comme sa carte de visite l'indique.
Il manie le logos et la pensée des anciens devant un auditoire varié en itinérance, y compris en hôpital psychiatrique, ou en prison... Et très souvent au fin fond de la France rurale où les assemblées semblent subjuguées de cette boîte à outil accessible. Mais aussi, de voir les assistantes sociales, les puéricultrices, les professionnels de soins palliatifs, attentives et sensibles à cette pensée viscérale, charnelle, au sein de ce que Guyard qualifie de ´puissant dispositif technico-capitaliste ´ cependant à bout de souffle en terme de civilisation.
Parce que ce penseur tatoué de la pensée des penseurs, convoque le territoire du vital, le passage par les abîmes, et la faiblesse d'exister, pour toucher le au-delà des mots, l'indicible, le détachement, le par delà du bien et du mal.
Sa façon de faire, son éloquence ou sa bouffonnerie participent de la proximité avec les gens bancals ou marginaux, plus que du souhait de l'esbroufe et d'un endoctrinement ou d'une idéologie unique ou dominante. L'idée qui l'anime est toujours la recherche du déracinement, l'âpre solitude sans maître ni esclave. Ainsi que le dit Bachelard, être déposé dans la berce du monde...