Série documentaire de Ken Burns et Lynn Novick, en 9 parties, résultat d’un travail de 11 ans, à voir in extenso et pour certaines parties, à revoir, tant du point de vue historique, que sociétal et politique.
Les deux réalisateurs ont ciblé l’histoire de la guerre du Vietnam depuis la défaite de Dien Bien Phu en 1954 à la débacle américaine en 1975 à Saigon.
Cela actualise au travers de ce conflit majeur du XXème siècle (3 millions et 58000 morts respectivement chez les Vietnamiens et Américains), ce qui a suivi en termes de guerres diaboliques (Afghanistan, Irak...).
Cette longue guerre née sur fond de spectre mondial du communisme, pour l’Amérique, s’est confrontée à l’élan de libération nationale du Vietnam, contre le joug colonial, dans lequel la France, a écrit une sombre page.
Les éléments géostratégiques de cet engrenage guerrier, les conséquences culturelles sont en effet analysés dans ce documentaire, tant sur un plan global, qu’à travers des témoignages individuels, de militaires, de familles et cela des deux côté américain et vietnamien.
Il est montré l’aspect fratricide de la guerre, qui a vu s’entretuer un peuple entre soi, le Nord et le Sud Vietnam (ceux nés au Nord, pour mourir au Sud), tandis que la division du peuple américain va se cristalliser au fur et à mesure, autour de l’engagement des marines (la plupart issus des couches populaires) dans ce combat de plus en plus dur et aux motivations incertaines. L’on apprend de même que l’armée nord vietnamienne recrutait surtout parmi les paysans, l’élite intellectuelle épargnant ses rejetons de ce bourbier.
Les enregistrements des grands décideurs politiques de l’époque littéralement mis à jour, défilent en même temps que propagande et mensonge disséminent leur impact meurtrier. Il est ainsi bien identifié comment la mauvaise foi, l’hypocrisie, la désinformation des décideurs américains, vont minimiser cette guerre asymétrique, démesurée et vaine. La saturation des images télévisées déferlant dans les salons américains, va s’inscrire en boomerang avec une narration politique totalement inepte.
Le peuple américain trompé, abusé, durant plus d’une décennie, est montré dans sa division, et sa rébellion, alors que les élections ponctuent les victoires de ceux-là même qui envoient le déluge de bombes sur les vietnamiens. C’est ainsi qu’en 1971, 700 vétérans balanceront leurs médailles par-dessus les grilles du capitole, sous l’œil d’une police surarmée…
Ce documentaire utilise largement la création musicale occidentale de l’époque, reflet de l’écho international que ce conflit a généré, avec les Beatles, Rolling stones, Hendrix, Dylan, Gaye.
Bien sûr, certains faits immensément meurtriers comme l’épandage de l’agent orange, vont être brossés peut- être un peu vite, avec des chiffres de 72 millions de litres déversés, ce qui ne représenterait qu’un quart du volume réel utilisé, (de source :armée américaine). Pour un produit dont la rémanence toxique est très longue, à l'égal du round up son descendant, fabriqué avec les mêmes mains, et que l'Europe peine à interdire!
Constat accablant pour l’humanité…