Rome ville déserte, aux larges avenues, aux ensembles rectilignes, subjuguant un cinéaste visionnaire.
Plusieurs plans appuyés sur un entassement de briques. Les dernières images sur une façade découpée en contre jour, où émergent deux individus.
Ce n'est pourtant pas la solitude, mais la liberté du déplacement, le mouvements, les talons fins qui se déplacent alors qu'au loin le ciel de l'aube se détache, et que la femme, beauté spectrale se dépassionne de ses amours. Elle est incertaine de son attachement, sauf celui de son emprise à l'errance, la déambulation, le lâcher prise...
Le détachement n'est jamais atteint, il oscille sur une ligne de crête où évoluent en équilibriste, Monica Vitti et Alain Delon... et l'on suit leur cheminement de la lumière jusqu'à l'alcôve des sombres appartements parentaux. La câlinerie dans le fauteuil est une petite merveille, où les bras se croisent en surnombre, alors que tous les téléphones en ébonite sont décrochés, puis raccrochés, minutieusement pour que les sonneries reprennent leur envol...
On est loin de la Rome antique, on la survole pourtant un moment, d'un avion de tourisme (clin d'oeil à Zabriskie Point) , avec un court instant, le colisée toute en rondeur, encerclé de la géométrie des toits, du fleuve, des rues pas si enchevêtrées...
La femme s'autorise à être à sa fenêtre, éclairée dans la nuit, à l'inverse de l'Italie ancienne lotie derrière ses persiennes...
Le marché, la Rome nodale, bruyante, c'est la bourse, et son brouhaha, sa frénésie, ses huées, sous l'oeil cerné des boursicoteurs. Le monde y est, s'invective, la femme y cherche sa mère, son passé, la hantise de la misère... L'homme joue du téléphone d'une esgourde à l'autre...
Il y a sinon peu de mot, tout se dit à travers l'image, une photographie précise, linéaire, lente, posée mais sans compassion. L'étrange côtoie le moderne. Les mouvements sont anticipés dans un espace presque irréel que le cadrage rend infini.