Les bourgeois sont-ils des dégénérés sexuels?

Michael Haneke nous offre, avec le film "La pianiste", une histoire d'amour peu conventionnelle entre Erika Kohut (incarnée par Isabelle Huppert), une professeure de piano, et Walter Klemmer (incarné par Benoît Magimel), un de ses élèves.


À quarante ans passés, Erika vit toujours avec sa mère pour le moins envahissante (Annie Girardot), et se rêve en adepte de pratiques sexuelles sadomasochistes. C'est lors d'un récital privé qu'Erika et Walter se rencontreront, récital pendant lequel Walter tentera d'attirer l'attention d'Erika. Il mettra ensuite tout en oeuvre pour que la professeure l'accepte dans ses cours. Commence alors leur histoire...


Tout comme lors de ses leçons de piano, Erika fait preuve d'autoritarisme dans sa relation avec Walter. Elle choisit les moments où ils se voient. Elle décide qui a le droit de parler, et quand. Walter, fou amoureux, est alors totalement soumis à ses volontés. Or, ce jeu de domination est renversé par la révélation des envies sexuelles d'Erika, qui désire, entre autres, se faire maltraiter. On ressent bien tout le malaise autour de cette révélation. La domination change de camp, c'est maintenant à Walter de l'asservir, elle en devient totalement dépendante, au prix du dégoût exprimé par son nouvel objet de désir.


Toute la profondeur de leur relation se déploie pendant les scènes de sexe, où l'on voit bien qu'Erika n'est pas à la hauteur des envies qu'elle souhaite assouvir. Elle s'en dégoûtera elle-même, elle vomira. Le comble du jeu de domination prendra place lorsque Walter "séquestrera" la mère d'Erika, avant de battre cette dernière. À cet instant précis, le trouble sera semé. Qui domine qui? Walter, frappant Erika au sol, la domine physiquement. Mais en faisant cela, il ne fait qu'obéir aux ordres d'Erika, qui le répugnaient auparavant.


La pianiste est un film trouble, avec de très bonnes idées de mise en scène, et des acteurs qui incarnent très bien leurs personnages.

Créée

le 7 août 2024

Critique lue 7 fois

ChevalVapeur

Écrit par

Critique lue 7 fois

D'autres avis sur La Pianiste

La Pianiste
Velvetman
10

Une perverse mélodie

Erika, femme proche de la quarantaine, est l’archétype de la vieille fille bourgeoise qui s’effondre jours après jours. Professeur de piano, endimanchée de manière sobrement terne avec un long...

le 26 janv. 2015

56 j'aime

3

La Pianiste
J8liette
8

La méchanceté c'est empêcher quelqu'un d'effectuer sa puissance...

... disait Deleuze. La pianiste organise cette orgie impuissante de méchanceté et de perversité, derniers tristes pouvoirs de deux faux complices qui avaient cru pouvoir s'approcher sur les chemins...

le 10 avr. 2011

40 j'aime

7

La Pianiste
HugoShapiro
1

C'est pas dérangeant, c'est con

Isabelle Huppert dans le role d'Isabelle Huppert: je reste froide et glaciale, parce que si je souris, je vais péter mon lifting à 20 000 euros. Huppert se touche, oui mais Huppert ne peut pas se...

le 16 janv. 2012

39 j'aime

8

Du même critique

À la vie, à la mort !
ChevalVapeur
7

Tout, tout, tout, vous saurez tout sur le zizi!

Ce long métrage est, pour commencer, un très bon film, même s'il m'a un peu moins emballé que Marius et Jeannette. On y retrouve les acteurs que nous avons l'habitude de voir chez Guédiguian, dans...

le 13 mars 2024

1 j'aime

Zazie dans le métro
ChevalVapeur
7

Un bien joyeux bordel

Un film plein d'idées, peut-être un peu trop, d'ailleurs. On y trouve un condensé de gags et d'humour au mètre carré à en donner le vertige. Louis Malle nous sert ici un film qui dénote un peu...

le 13 déc. 2024

La Pianiste
ChevalVapeur
8

Les bourgeois sont-ils des dégénérés sexuels?

Michael Haneke nous offre, avec le film "La pianiste", une histoire d'amour peu conventionnelle entre Erika Kohut (incarnée par Isabelle Huppert), une professeure de piano, et Walter Klemmer (incarné...

le 7 août 2024