• Mais maintenant, qu'est-ce qu'elle devient Marianne ? Tu y as pensé ? Hein ? Non. Tu t'en fous. Ça ne t'intéresse plus. Il te faut tout et tout de suite. L'enfant gâté. Pauvre petit con. Et pour finir, tu couches avec ma fille. Es-tu content ? Hein ?

  • Pourquoi tu me dis tout ça ?

  • J'ai toujours eu la tête et les épaules de plus que toi et tu le sais. Ta jamais rien pu contre moi. Alors tu t'attaques à ma fille. Elle a 18 ans, c'est plus facile. Tu es fier de toi ? Il y a de quoi être fier.

  • Tu es jaloux ?



La piscine réalisée par Jacques Deray est un classique incontournable du cinéma français présentant un intense drame psychologique écrit par Jean-Claude Carrière. Un film surprenant à bien des égards, présentant un récit axé sur la lutte psychologique intérieure de Jean-Paul (Alain Delon) confronté à la dure émotion destructrice de la jalousie, qui le conduira à commettre un acte insensé et irréparable. Une folie due à une émotion vive et corrosive confinée au plus profond de son être, suscitée par la femme qu'il aime : "Marianne(Romy Schneider)" et qui ne cesse de le provoquer en laissant transpirer un doute sur la relation qu'elle entretient avec son ami de longue date "Harry Lannier(Maurice Ronet)", qui profite bien de la situation. Comme seule réponse, Jean Paul se rapprochera de Pénélope Lannier(Jane Birkin) la fille de 18 ans d'Harry afin de provoquer la jalousie de celui-ci ainsi que de sa bien-aimée Marianne.


Petit aparté (SPOILER) :


J'ai une lecture de l'histoire différente de ce que j'entends souvent autour de ce film. La relation amoureuse ou sexuelle entre Jean-Paul (Alain Delon) et Pénélope Lannier (Jane Birkin) n'a selon moi jamais eu lieu. On ne voit jamais la caméra pourtant très expressive du cinéaste montrer le moindre baiser, ni le moindre mot doux, juste un petit rapprochement voluptueux mais rien de plus.
Il est pour ma part évident que Jean-Paul a dragué Pénélope dans l'unique but de se rapprocher suffisamment d'elle, non pas par passion comme je l'entends souvent, mais uniquement pour l'emmener à part de la villa se baigner et ainsi provoquer (malgré Pénélope qui n'est au courant de rien) un malaise et un doute auprès de Marianne et d'Harry, sur ce qui aurait pu se passer entre les deux.


Pénélope qui se fiche de ce père qui l'exaspère chaque fois qu'il commet des gestes douteux envers Marianne, n'aurait jamais fait de même avec l'homme de celle-ci, Jean-Paul. Elle est d'ailleurs excédée lors du repas après la baignade dans la mer que l'on puisse penser cela d'elle. Jean Paul n'a jamais voulu quitter la villa avec Pénélope, depuis le début il testait Marianne, celle qu'il aime, voulant enfin savoir s'il s'était passé quelque chose entre elle et Harry en provoquant à son tour la jalousie de ceux-ci. C'est en comprenant enfin cela durant l'explication entre Harry et Jean Paul que celui-ci trouvera la mort durant un geste de folie. Beaucoup de dialogues et de gestes subtils et souvent douloureux vont dans ce sens.


Fin de l'aparté (Fin SPOILER)


Tous ces détails font de La piscine un film exceptionnel loin d'être superficiel, véhiculant des émotions de manière très nuancée par des petits détails à travers des gestuelles, des regards, des expressions, jusqu'au comportement des personnages les uns envers les autres, dans un rythme que beaucoup pourraient trouver long mais qui pourtant est essentiel à la transposition de son atmosphère incroyable. En découle un formidable conte contemporain axé sur la décadence morale et émotionnelle éprouvée à travers des émotions nuancées et douloureuses, via l'amour et la jalousie qui en disent beaucoup sur les relations et les sentiments humains de ce périple.


Les acteurs sont fantastiques, aucun des quatre n'est à la traîne, chacun amène de sa superbe. Le couple Alain Delon/Romy Schneider est excellent. L'interaction entre Schneider et Delon amène un niveau de lecture incroyable avec des scènes d'une troublante lascivité, toujours au service de l'histoire. Les sentiments que se portent les deux comédiens semblent réels. Romy Schneider est merveilleuse dans ce rôle saisissant dans lequel elle hypnotise la caméra. Alain Delon livre l'une de ses meilleures performances à travers son personnage inquiet, handicapé par une vérité trop douloureuse à conserver. Jane Birkin me surprend de plus en plus par sa présence légère qui apporte une naïveté voluptueuse. Enfin Maurice Ronet assure le spectacle dans ce rôle de grande gueule qui parvient à exister dans ce lot de talents.


Techniquement, il y a du niveau ! La mise en scène de Jacques Deray alliée à la photographie de Jean-Jacques Tarbès est remarquable. Un travail magistral qui submerge le spectateur autour d'un contraste surprenant, celui d'une grande et belle piscine dans une villa quelque part près de Saint-Tropez, qui sous une chaleur torride transpirant la passion de l'été, livre toutes les péripéties à travers l'eau de cette piscine renvoyant à chaque moment les troubles des personnages. Une réalisation qui dépeint une ambiance sensuelle et fiévreuse, inquiétante à mesure que le récit avance, amenant un malaise progressif. On profitera de la caméra qui s'attarde durablement dans une conduite lascive et érotique sur la beauté physique de Romy Schneider qui est renversante. On pourra compter sur l'intelligente composition musicale de Michel Legrand pour renforcer le climat troublant.


Malheureusement un point noir vient un peu entacher ce long-métrage, qui aurait pu être un chef-d'oeuvre si après le "fameux" bouleversement du film, l'intrigue n'était pas tombée dans une petite enquête brisant l'élégance du récit.


CONCLUSION :


La piscine de Jacques Deray est un drame psychologique surprenant, d'une richesse remarquable, à la mise en scène pleine de sensualité, mettant en avant un récit méritant chaque minute de votre temps, présentant des comédiens inspirés, dont la beauté exquise de Romy Schneider qui sous la caméra du cinéaste est magnifiquement mise en valeur. Glamour sous tension sexuelle dans un huis clos saisissant qui ne cesse de surprendre tout du long de par son originalité.


Vous voulez du grand film français, en voici !



Je ne sais pas ce qui m'a pris. Un coup de folie.


B_Jérémy
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste « Cocorico ! » : classement du meilleur au pire des films appartenant au cinéma français

Créée

le 7 nov. 2020

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