Planet of the Apes s’inspire librement du roman de Pierre Boulle, Planète des singes. Le scénario est assez différent du matériau d’origine, il en résulte une œuvre originale qui s’est émancipée de sa matrice.
Planet of the Apes est un film philosophique. Il met en scène une relation inversée entre les singes et les hommes et en fait une satire sur les certitudes, les croyances et l’esprit de supériorité de l’homme. Il faut reconnaître que voir l’être humain traité en animal de laboratoire par des singes est une expérience cinématographique déstabilisante pour le spectateur. D’ailleurs à l’époque de la sortie du film, voir Charles Heston, acteur jouant habituellement des personnages forts, être ici traité comme un animal n’a pas été bien accueilli. Il campe ici le rôle principal de Taylor échoué sur cette planète où tout semble fonctionner à l’envers. J’aime ce genre de situation qui aide à se distancier de la représentation que nous avons de nous mêmes et qui le fait avec intelligence.
On peut voir aussi dans cette histoire une critique de l’attitude de certains peuples vis à vis d’autres. Certains discours dans le film rappellent ceux qui ont été tenus par les Occidentaux au sujet des amérindiens ou des africains : l’affirmation de leur infériorité, la question posée au sujet de l’existence de leur âme.
Si le film comporte de nombreuses lignes de dialogues sur l’identité humaine et simienne mises en perspective, il n’en reste pas moins un film d’aventure avec ses péripéties, ses scènes d’action, ses paysages d’un autre monde. Mais est-ce bien un autre monde ? …
La séquence finale est sans aucun doute le climax du film. Une image qui reste dans la mémoire et produit un choc non seulement sur Taylor, mais aussi sur le spectateur.
Je préfère largement le roman qui permet de creuser davantage les réflexions du personnage principal qui a dans le livre le nom d’Ulysse Mérou, son évolution face à sa situation, la relation qui s’établit lentement entre lui et la simienne Zira, sa relation avec la belle humaine Nova qui est dans le film seulement ébauchée et surtout la question du langage et de la communication entre les deux espèces que je trouve beaucoup mieux traitée dans le livre. Il n’en reste pas moins que ce film est un bon moment de plaisir qui a su tracer sa propre voie sans trahir l’œuvre originelle.