En 1968 sortait un film qui allait devenir culte, Planet of the Apes, inspiré du roman de Pierre Boulle, La Planète des singes. Il allait être suivi de quatre autres volets brodant sur l’idée originelle. Ils forment la première saga et ils ont construit le « mythe » de cet univers où l’homme et le singe s’affrontent à travers le temps. Chacun des épisodes de la saga était caractérisé par des thèmes particuliers reflétant l’époque à laquelle ils avaient été réalisés : tension raciale, condamnation de la guerre, menace du nucléaire.
En 2001, Tim Burton est engagé par la Fox pour réaliser une nouvelle relecture de ce mythe. Le scénario s’émancipe encore plus du roman d’origine tout en respectant l’esprit de l’histoire. L’intrigue se déroule sur une autre planète que la terre et suit une trame différente.
Et voici qu’en 2011, une nouvelle franchise sort et revisite ce monde mythique de La planète des singes. Comme la version de Tim Burton, il ne s’agit pas d’un remake. Cette saga s’inscrit dans le prolongement de ce qui l’a précédé et lui rend hommage à travers diverses références, tout en offrant quelque chose de nouveau. Cette nouvelle franchise démarre plutôt bien. Planet of the Apes s’intéresse à l’apparition de la planète des singes. Délaissant l’explication de la saga précédente qui expliquait l’évolution des simiens par une cohabitation de plus en plus proche avec les humains, il offre une autre explication beaucoup plus plausible et reflétant les soucis de notre époque. Les cerveaux des singes ont été modifiés suite à des expérimentation en laboratoire.
Autre originalité de l’histoire, elle se concentre non pas d’abord sur les hommes, mais cette fois-ci sur les singes à travers le personnage simiesque de César, reprenant ainsi le nom du fils de Zira et Cornélius de la première saga. Cela donne un autre point de vue de l’histoire.
César a bénéficié d’une injection développant ses capacités cérébrales. On le voit peu à peu évoluer, prendre conscience de lui-même, de sa situation d’infériorité bien qu’il soit traité avec respect et affection par Will, le scientifique à qui il doit son accroissement d’intelligence. Il communique dans un premier temps en recourant au langage des signes.
César mis en contact avec des singes en captivité entreprend de les libérer mais aussi d’accéder au traitement qu’il a lui-même reçu leur donnant ainsi accès également à l’intelligence. Cela donne lieu aux meilleures séquences du film. En particulier celle où la révolte éclate. Le personnage de Tom Felton prononce cette phrase « Enlève tes sales pattes, saloperie de singe ! » qui est la reprise des paroles de Charles Heston, dans Planet of the Apes, quand il se retrouve prisonnier des singes. Dans les deux films, la phrase opère un basculement. Dans le premier, elle est la première phrase que Charles Heston réussit à prononcer après son extinction de voix suite à la blessure reçue. Elle manifeste aux singes médusés que cet homme est intelligent et doué de parole. Dans cette version elle est la phrase qui provoque le sursaut ultime de César et lui donne d’accéder à la parole et de crier avec rage ses premiers mots qui sont un cri de liberté « NON » ! Ce « non », c’est celui que tout petit enfant adresse à ses parents quand il prend conscience de lui-même et cherche à acquérir son autonomie et à affirmer sa singularité. Ce « non » est aussi la reprise du thème développé dans Battle for the Planet of the Apes, il était le mot « interdit », celui que les hommes n’avaient pas le droit d’adresser aux singes car il leur rappelait leur état antérieur de servitude. Cette séquence pivot est donc l’occasion d’un hommage discret à la saga qui l’a précédée.
L’autre séquence forte est l’invasion de San Francisco par des hordes de singes surgissant de partout, passant à travers les fenêtres et grouillant sur les toits. Doués d’une force musculaire bien supérieure à celle des hommes, doués désormais de l’intelligence, plus rien ne les arrête ! Ces séquences reprennent les codes des invasions extra-terrestre avec la mise en scène de la panique des gens dans les rues et la mobilisation des forces armées pour tenter de contrer la menace.
Les masques qui avaient été employé pour maquiller les acteurs campant les singes cèdent la place à la motion capture et le résultat est de qualité. Andy Serkis qui n’en est pas à sa première expérience en ce domaine puisqu’il incarne Gollum dans le Seigneur des anneaux fait passer toute une palette d’émotion dans son jeu d’acteur qui est remarquable comme dans le volet suivant.
Rise of the Planet of the Apes¨, tout comme la version de Tim Burton, a fait le bon choix. On ne refait pas un « remake » de La Planète des singes, c’est se vouer à l’échec ! Les œuvres cultes sont intouchables. Par contre, en proposer une relecture, un prolongement ou une préquelle, comme c’est le cas ici permet de continuer à enrichir un univers qui a marqué l’histoire du cinéma. Et cette version de Rupert Wyatt est une belle réussite.