Ce film est typiquement le genre de film difficile à chroniquer. Car en effet, formellement il n'y a pas grand chose à lui reprocher. Il est bien construit, plutôt bien réalisé surtout dans sa première partie, les personnages sont intéressants et les enjeux sont clairs et humains. Les effets spéciaux sont impressionnants et les acteurs sont bons.
Le hic c'est que le réalisateur Ruper Wyatt s'attaque ici, avec ce film de pure commande de studio, à une des sagas phares de la SF : La Planète des Singes.
En essayant de nous pondre un reboot remake prequelle de la franchise, le réal arrive assez bien à se démarquer de l'esprit très 60's/70's de la franchise pour nous pondre une œuvre singulière, mais souffre d'emblée de la comparaison, si le spectateur connaît un tant soit peu l'univers dépeint.
Car s'il faudrait être fou pour s'attaquer au chef d’œuvre originel de 1968 (même Tim Burton ne l'a pas vraiment osé), les studios se sont dit que remaker un opus moins connu de la saga serait mieux vu par les fans et passerait inaperçu pour les novices. Il s'agit donc là du remake du formidable et méconnu 4eme opus : La Conquête de la Planète des Singes de 1972 réalisé par J.Lee Thompson, pour moi la seule suite utile au premier film.
Et là, la comparaison ne passe plus car ce remake souffre d'un gros problème : on a du mal à y croire.
Comment croire qu'une poignée de singes, juste malmenés par un ado crétin, vont réussir à se révolter alors que la plupart ne sont pas doués de la moindre "intelligence développée" et dominer le monde ? Le tout sans tuer personne, car bien sûr il faut que le grand public puisse s'attacher à un singe, et pour ce il doit être gentil et faire une révolution gentiment.
Dans l'original, le film est assez malin pour planter un univers bien plus crédible et qui amène clairement l'univers dépeint dans le 1er film de 1968. Et ce à partir d'un postulat assez bête, les animaux domestiques ont disparu et les singes les ont remplacé. Leur présence est donc mondiale, dans chaque foyer, et un nouvel esclavage s'est mis en place. Leur intelligence s'est donc développée grâce à leurs missions, ainsi que leur haine. Lorsque César, un singe venu du futur, et donc muni de parole, décide de prendre les armes, la tâche est donc plus aisée car amenée. Supplanter l'espèce humaine est donc crédible. Et le final, bouleversant, est aussi violent à souhait où l'on suit un César qui n'hésite pas à tuer.
Dans le remake, on est malheureusement obligé de suivre des singes énervés, s'enfuir d'une garderie isolée en embarquant avec eux des singes de zoo, et l'on veut nous faire croire qu'ils peuvent mettre à mal la police de San Francisco et ce sans tuer personne avec un César s'efforçant de crier un "NOOOON" ridicule à tous les primates qui auraient pu être violents.
Du coup, comment rendre crédible la disparition de la civilisation humaine ? Avec un virus bien sûûûr ! Paye ta solution de facilité !
En résulte un film efficace, un bon plaidoyer sur la maltraitance des animaux, avec une première partie, centrée sur ses personnages, très émouvante, et dont le principal défaut est son titre. Car il n'a de "planète des singes" que le nom. La deuxième partie voulant faire le lien ne tient pas la route, faute à un scénario douteux et une comparaison avec un modèle qui ne pardonne pas.
En revanche, la suite qui devrait sortir cette année, se déroulant vraisemblablement après la disparition de la civilisation humaine, pourrait remonter le niveau car n'ayant pas de réel modèle digne de ce nom et pourrait éviter la moindre comparaison. On peut donc encore espérer un bon film qui viendrait redorer le blason de cette vieille saga.
Perso je préfère largement revoir La Planète des Singes de Tim Burton, film injustement mal aimé, qui regorge de qualités avec son univers classe et original et surtout la perfection des maquillages de Rick Baker ! Et un film qui n'avait pas la prétention de se rattacher directement à la saga en tant que vulgaire suite/remake/préquelle/reboot...
