La franchise de "la Planète des Singes" ? Après une poignée de films des seventies oubliés (sauf le premier, bien entendu) et un remake raté par Tim Burton, on n'en attendait pas grand chose. Et puis survient ce "… Les Origines", qu'on se prend comme une grande claque : un scénario redoutablement logique et efficace, totalement au "premier degré" - ce qui est si rare de nos jours -, une interprétation parfaite (James Franco et Andy Serkis, ce dernier surpassant son travail déjà remarquable dans "le Seigneur des Anneaux" et "King Kong"), et surtout, surtout, une vraie mise en scène, juste, mesurée, efficace sans aucun de ces éclats inutiles, de ces effets de rythme stupides qui défigurent le cinéma commercial actuel. "… Les Origines" est un vrai film, pas un clip ou une bande annonce étirée, pas une démonstration d'effets spéciaux : et nous voilà à nouveau comme des enfants, frémissant, riant, pleurant, trépignant devant ce conte éternel de l'affront fait par l'homme à la nature et aux animaux.
Rien à redire donc à ce blockbuster impeccable... on notera juste la force émotionnelle de la première partie, qui travaille intelligemment notre tendresse instinctive envers les animaux, pour mieux nous laisser au dépourvu quand les faibles qui avaient droit à notre pitié deviennent à leur tour des bourreaux, nos bourreaux. "… Les Origines" nous renvoie plus finement qu'on pourrait croire à notre responsabilité en tant qu'espèce : si la fin arrive, de quel côté sera-t-il juste d'être ? Une autre lecture intéressante du film est son retour sur une question très "eighties" (la question spielbergienne parmi toutes…), celle du rôle du père, et de ce qu'être un "fils" signifie : ce scientifique qui use (abuse…) de ses pouvoirs pour sauver son père des griffes de la maladie d'Alzheimer, et en même temps pour se créer un "fils" qu'il pensera pouvoir contrôler "pour son bien", n'est-il pas une parfaite illustration de la mégalomanie d'une civilisation ivre de sa puissance, qui finit par tout perdre ?
[Critique écrite en 2011]