Après un retour marquant en 2011, la trilogie préquelle de La planète des singes revient avec La planète des singes : Suprématie. Toujours réalisé par Matt Reeves, cet opus à la fois sombre et mélancolique, se la joue Apocalypse Now, tout en affiche un degré de réalisme encore plus pointu que ses prédécesseurs. L’affrontement final entre humains et singes pour la domination de la Terre se conclut…


Quelle espèce dominera le monde ?


Réussir à faire une trilogie sans aucun faux pas, comment est-ce possible ? Les origines était une surprise époustouflante, L’affrontement continuait sur sa lancée et maintenant, Suprématie conclut le tout en beauté. Encore un blockbuster Hollywoodien sans âme, bourré d’action et juste fun ? Et bien NON. Raconter la conclusion d’une histoire sans miser tout sur le grand spectacle à coup de grosses scènes d’action et autres déluges d’effets spéciaux, c’est ce que veut faire Matt Reeves avec Suprématie. Intime, posé, sérieux, sombre, tout en reléguant au second plan l’action, et autres scènes rythmées, le réalisateur nous emporte dans une nouvelle histoire prenante du début à la fin, proposant une autre approche, différente de celle que l’on a l’habitude de voir depuis des lustres et qui commence à devenir redondante. Cette fois, les humains n’apparaitront que grâce aux singes. Histoire centrée sur le point de vue des singes.


Les singes et César, ce sont les vraies stars de notre film (bien que Woody Harrelson livre une prestation remarquable). Un nouveau regard, une nouveauté déstabilisante pour certains habitués, originale et inédite pour d’autres. Pas de pluie d’effets spéciaux et d’explosions. Depuis l’épisode Les origines, la technologie a évoluée considérablement. Nous assistons là à une nouvelle révolution visuelle, tant et si bien qu’on ne distingue plus le réel du virtuel. Les singes prennent vie, parlent enfin (pour certains), se déplacent à cheval et utilisent des armes comme des humains. Devant nos yeux, ils évoluent dans de vrais décors. Grandiose.


César et sa tribu de singes voulaient êtres libres, ne veulent que vivre en paix, n’ont jamais voulu cette guerre Humains/Singes. Seulement, difficile de réparer les erreurs de Koba, le singe bonobo obsédé à l’idée de se venger des hommes après avoir subi de mauvais traitements lorsqu’il était dans les laboratoires de Gen-Sys. Voilà que César et son peuple doivent payer le prix fort de la trahison d’un des leurs, confrontés cette fois à un militaire froid et sadique n’hésitant pas à tuer des membres de sa propre espèce. Quant à la grippe Simienne ayant décimé quasiment la totalité de l’espèce humaine, elle a mutée, rendant les contaminés muet et à l’état d’animal. Cette dernière histoire conduira César dans une nouvelle aventure émotionnelle emmenant notre personnage dans de nouveaux endroits. Nous passerons ainsi d’une jungle où il pleut abondamment, à une plage désertique où le soleil se lève, puis à un paysage enneigé, pour tomber dans un ancien zoo transformé en zone de quarantaine aux airs de prison (où il n’arrête pas de pleuvoir, histoire d’accentuer le désespoir). La trilogie préquelle de La planète des singes aura eu droit pour chacun de ses films à un style différent.



« Dites à votre colonel que nous ne somme pas des bêtes sauvages ».



Singes/ Humains : qui est l’homme ? Qui est l’animale sauvage ?


Andy Serkis ne cessera jamais de surprendre. Après Gollum dans Le seigneur des anneaux et le Hobbit, le Capitaine Haddock dans la version CGI des aventures de Tintin, le supreme leader Snoke dans Star Wars Le réveil de la force, le spécialiste de la motion capture retrouve l’un de ses personnages fétiche : César, le singe. Il nous avait ému dans Les origines, puis dans L’affrontement où il avait gagné en maturité et en sagesse, le voila gagner encore en profondeur dans Suprématie, tout en voyant son vocabulaire évolué de manière miraculeuse. Dans ce chapitre, fatigué, vieillissant, César sera le centre même de notre film. C’est sur lui que tout repose notre intrigue. Quelle présence, quelle émotion, quelles expressivités. Une baffe en pleine figure. A quand l’oscar ? Les prouesses techniques en matière de motion capture sont poussées plus loin. Regardez ce regard, rempli de tristesse et autres blessures du passé ? Regardez ces traits de visage, cette lueur ruisselant sous ses yeux ? Comment ne pas éprouver de l’empathie pour cet être si vivant ?


La rédemption, la vengeance, le pardon, la fraternité, tels sont les thèmes explorés dans cet opus plus philosophiques que les autres volets. De plus, il apporte une fois de plus une jolie réflexion sur la mentalité de l’être humain qui, même lorsqu’il est sur le point de disparaitre de la planète, préfère tuer plutôt que d’accepter de faire la paix. Que dire aussi de la relation de l’humain avec les animaux ? Thème déjà développé dans les opus précédents et encore plus approfondit dans ce dernier chapitre. De même, la symbolique de l’esclavage sera bien représentée.


Tout ne sera pas que drame, bouleversements et tristesse. La planète des singes Suprématie dégage de la tendresse, de l’humour et des tonnes de mignonneries. Les dialogues sont poignants, véridiques, et les personnages attachants. Une leçon de vie à partager avec l’humanité.


Guerre, western, film d’évasion de prison, quel rapport ont ses genres vis-à-vis de La planète des singes Suprématie ? Tout simplement parce que, ces genres, notre film, il les mélangera. Alors que César, assoiffé de la même haine envers les humains que celle qui habitait Koba, se lance, aveuglé par sa soif de vengeance en se lançant à la poursuite de l’antagoniste de notre film, les autres singes nous font un remake « primate » de La grande évasion. Maurice, notre orang-outang rempli de sagesse et de douceur prendra sous sa protection une jeune orpheline muette aussi adorable qu’intelligente. Quant à « Méchant singe » (c’est son nom alors qu’il n’y a pas plus pacifique que lui), le petit nouveau peureux de la bande portant une doudoune et un bonnet pour se réchauffer, il nous offrira de bons moments de drôleries. Comme quoi, l’humour, placé, utilisé comme il faut, peut apporter une nuance pour le moins intéressante à un film se voulant sombre.



« C'est le combat de la dernière chance. Si nous le perdons, notre
planète deviendra: la planète des singes ».



Au final, conclusion parfaite pour La planète des singes. Sous son déluge d’images dures, d’injustices, de drame, de trahison, de vengeance et de mélancolie, ainsi que d’une ambiance sombre, se cache un film ambitieux, intelligent, d’un suspense, d’une émotion, d’une tendresse et d’un message d’espoir marquants, le tout, illustré par une somptueuse photographie et une bande originale vibrante signée Michael Giacchino. Humanité, espoir, voila ce que l’on retiendra de cette véritable expérience cinématographique. Longue vie à César.

Jay77
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le 2 août 2017

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