Agréablement surpris par ce dernier volet.
Pour la première fois dans la trilogie, Suprématie adopte le point de vue des singes ( le premier opus, Les Origines, se focalisait sur le dialogue inter-racial là où le second, L'Affrontement, adoptait la symétrie de point de vue pour monter l'escalade vers la guerre ). Ici, ce sont les hommes qui perdent les attraits de leur civilité (à commencer par la voix confisquée par une contagion subie par l'humanité).
On pense au glissement opéré par la saga Alien qui voit l'animal adopter petit à petit tous les traits de l'humanité tandis que les Hommes revêtent progressivement les stigmates de la bête. C'est d'ailleurs la bête immonde qui s'invite dans cet ultime épisode. Matt Reeves n'y va pas par 4 chemins, flirtant avec les caricatures : camps de la mort, apologie du sang pur, crânes rasés et bruits de bottes servent d’environnement à une bonne moitié du film.
Pour servir d'antithèse à cette humanité en voie d'auto-anéantissement, le caractère émotif des primates est mis en valeur. Lorsqu'aprés une réflexion sur le sens de la vie, une larme coule sur le visage de César, le film peut se conclure. Le singe capable de s'émouvoir de pensées existentielles vient de surpasser l'homme. La boucle est bouclée.
En quoi ce film est-il le reflet de notre époque ? La valorisation de l'être sensible apporte son eau au moulin du discours vegan. Contrairement aux indiens de Danse avec les loups (trop humains et déjà perdus), aux bêtes de la saga Alien (trop rebutants), aux êtres bleus d'Avatar (trop lisses et lointains), l'expressivité du visage des primates rend empathique le point de vue l'être sensible en danger. Les militants de la cause pro-animal ont trouvé leurs représentants sur la scène cinématographique.