En concluant brillamment la trilogie initiée par La planète des singes : Les origines, et servant de préquel au film culte de 1968, Matt Reeves signe une œuvre spectaculaire et émouvante, portée par un Andy Serkis au top de la performance capture.
On a souvent critiqué les blockbusters d’été, arguant qu’ils ne sont là que pour faire gonfler les recettes, et qu’ils ne présentent aucun intérêt cinématographique. Si on s’attarde aux dernières années, il est vrai que les Suicide Squad, Jurassic World ou encore Terminator : Genesis ne sont pas les plus belles œuvres que le 7ème art ait pu créer. Cette année, l’industrie hollywoodienne a décidé de changer la donne pour nous offrir notamment les merveilleux Baby Driver, d’Edgar Wright – film musical d’action aux airs de Pulp Fiction et de Kingsman : Services Secrets – Dunkerque, de Christopher Nolan – formidable survival sur le repli des troupes anglaise lors de la Seconde Guerre Mondiale – ou encore La planète des singes : Suprématie, de Matt Reeves.
Ce dernier signe son deuxième film de la saga, après L’affrontement sorti en 2015. Il reprend dans Suprématie ce qui a fait la force de son dernier film, à savoir une performance capture plus que réaliste, des actions spectaculaires et une émotion très présente. Là où le second volet de la trilogie péchait, c’est un manque de réalisme à certains moments. Le film était trop tourné sur l’action et la guerre qu’il en délassait un peu le fond. Reeves rectifie le tir en livrant plus un drame qu’un film de guerre, privilégiant les moments émouvants, les plans magnifiques, il va même jusqu’à améliorer les scènes d’actions en les rendant plus haletantes.
Un duo d'acteurs formidable
Et puis parlons de la performance capture. « Un oscar pour Andy Serkis » pouvait-on lire en masse sur les réseaux sociaux ou les différentes critiques du film. Exagéré ? Pas du tout. L’acteur spécialisé dans la motion capture, qui a commencé en 2001 dans Le seigneur des anneaux, n’a pas cessé de progresser depuis, pour atteindre son meilleur niveau aujourd’hui. Déjà très réaliste dans la peau du King Kong de Peter Jackson et dans les deux premiers volets de La Planète des Singes, Serkis repousse les limites de la performance capture dans ce volet. Une nomination à l’oscar ne serait pas du tout volée, pour un immense acteur qui n’a jamais connu de nomination ni aux Golden Globes ni aux Oscars pour ses rôles dans une combinaison moulante (il reçut une nomination en 2008 pour le golden globe du meilleur second rôle dans un téléfilm pour Longford).
Mais il n’y a pas que Serkis qui est impressionnant, chaque simien est élaboré dans le moindre détail. L’esthétique est une des qualités du film, très beau et époustouflant visuellement, à la fois dans les effets spéciaux que dans les plans. Ce n’est pas surprenant, étant donné que c’était déjà la grande qualité des deux premiers opus.
Le niveau des acteurs est également très élevé, et le face à face Andy Serkis/Woody Harrelson tient ses promesses, à savoir un des meilleurs face à face du cinéma de ces dernières années. Harrelson, vu notamment dans la série True Detective ou le film No country for old men, confirme qu’il est un des plus talentueux de sa génération. Sa performance en tant qu’antagoniste est imposante et magistrale, tant l’acteur incarne à la perfection ce personnage inhumain et effrayant.
En résumé, des effets spéciaux toujours plus impressionnants, des acteurs à leur meilleur niveau et un réalisateur livrant son meilleur film font de La planète des singes : Suprématie la conclusion parfaite à ce qui est incontestablement une des 3 meilleures sagas des années 2010.