J'ai été assez étonné par le film, qui était très différent de ce à quoi je m'attendais. En regardant la bande-annonce, j'ai cru que c'était un film d'horreur qui montrait uniquement des situations dégueulasses pour dégoûter le spectateur, mais sans mise en scène, sans scénario et sans idées. Le fait que le film soit espagnol et de Netflix fait que je m'attendais à quelque chose du même style que La Casa de Papel (dans la mise en scène, pas dans le genre).
J'ai donc été agréablement surpris par la qualité du film qui, s'il n'est pas non plus du niveau d'un Parasite (pour prendre un exemple récent), reste plutôt bon et intelligent.
Il est d'ailleurs intéressant de noter que le film, contrairement à Parasite que je viens de citer, ne met pas le malheur des humains uniquement sur le compte du système et de son injustice, mais plutôt sur les humains eux-mêmes et leur nature. Si on ne peut pas parler à ceux d'en haut, ce n'est pas parce que quelque chose nous en empêche réellement, c'est parce qu'on ne peut pas leur chier dessus. Ici, la seule solution serait que les humains s'entraident, et le système n'aurait pas besoin de changer.
Il y a ensuite plusieurs questions que pourrait se poser un spectateur regardant le film, qui sont à priori inutile, mais que j'aimerais aborder, pour voir ce qu'il est possible d'en tirer (j'en tire une réflexion sur le film après). On pourrait donc se demander (attention je vais divulgâcher, voilà, je sais pas si ce sera écrit avant l'article mais c'est dit...) comment la plateforme fait pour descendre et remonter, comment les prisonniers changent-ils d'étage pendant leur sommeil, et comment la cellule fait-elle pour changer la température automatiquement lorsque quelqu'un "vole" la nourriture ? On pourrait s'amuser à trouver des réponses. Sauf qu'il reste la plateforme, qui vole bel et bien, on le voit. Et comme une chose du film est totalement inexpliquée, donc magique, on peut se permettre de dire que tout le reste l'est aussi. On peut ensuite remarquer que la prison, avec ses 333 étages et pouvant accueillir jusqu'à 2 prisonniers par étage, peut donc accueillir 666 prisonniers, ce qui est évidemment une référence à l'Enfer. Nous pouvons donc penser que cette prison est une métaphore d'un Enfer dont la seule caractéristique est qu'elle laisse les humains se débrouiller entre eux pour se répartir la nourriture, sans intervention extérieure, les laissant seuls maîtres de leur destin, révélant ainsi leur vraie nature. Le film n'est au final qu'une expérience de pensée philosophique. Le message serait que les humains sont par nature incapables de se gérer tous seuls, et qu'il faudrait donc qu'une autorité le fasse pour eux. Bien qu'étant opposé à cette idéologie, cela ne m'empêche pas de trouver le film très bon dans sa façon de raconter.
Je n'ai pas trouvé moi-même mon interprétation de la fin malheureusement, il a fallu que je lise un article sur internet qui m'a proposé une fin que je trouve correspondante à ma vision du film (en même temps l'article s'appelait quelque chose comme "la fin de La Plateforme", j'aurais dû m'en douter...). Je trouve donc cohérent que la fin ne se passe pas réellement comme montrée : le pannacotta n'a pas été mangé, la fille est probablement morte, et le héros n'a pas laissé remonter la fille comme il a cru le voir dans son délire ou sa folie, mais le pannacotta, qui est remonté, laissant place à la scène qui arrive au milieu du film où le chef cuisinier passe un savon aux cuisiniers car le seul plat à être remonté est le panacotta, croyant qu'il n'a pas été mangé en raison d'un cheveu trouvé sur le pannacotta, montrant que les cuisiniers n'ont aucune idée de ce qui se passe en bas. Cette fin irait dans le sens d'une expérience de pensée où des humains seraient totalement livrés à eux même.
J'ai mis une note par défaut, en réalité je trouve débile de devoir mettre une note sur 10 à un film (comme à toute autre oeuvre d'art) dans le sens où il n'y a pas que 10 niveaux de films, et qu'il arrivera forcément un jour où je mettrai une note similaire à un film que je préfère ou que j'aime moins.