Faire respecter la loi de la Fosse par la peur... Une "suite" pas forcément nécessaire.

La Plateforme, long-métrage sorti sur Netflix en 2019 et qui a fini par se faire oublier avec le temps. Non pas que le premier opus était mauvais, il se regardait une fois en restant correct mais plus le temps avance et moins il laisse de souvenirs dans nos esprits. Enfin, Netflix a fini par se souvenir du projet vu qu’ils ont décidé d’en faire une suite (enfin, pas vraiment une suite en fait). Toujours réalisé par Galder Gaztelu- Irruria, on va y suivre de nouveaux personnages arrivés dans la Fosse qui vont lutter contre la loi. Autant dire que l’intérêt d’une suite n’était pas forcément au rendez-vous et on comprend pourquoi au vu de la qualité de cette suite. Ce n’est pas terrible en vérité, ça essaye des choses et d’apporter de l’intérêt mais le résultat n’en est pas forcément bon pour autant.

Positif

• Perempuan (Milena Smit) est une nouvelle prisonnière de la Fosse, elle est ici pour certaines raisons et aimerait réussir à expier ses fautes avec le plus de temps possible. Autant dire ce qui est, elle est un peu discrète mais elle devient de plus en plus intéressante à travers ce qu’elle voit et ce qu’elle va traverser.
• Zamiatin (Hovik Keuchkerian) est également un nouveau prisonnier de la Fosse et il est ici pour des raisons personnelles compréhensibles. Ici, il fait un peu râleur sur la nourriture, notamment sa pizza qu’il espère avoir à chaque fois, mais il en reste intéressant avec ses choix et son développement.
• Dagin Babi (Oscar Jeanada) est le tyran de cette prison qui essaye de faire respecter la loi avec l’aide de ses fidèles. Il a beau être aveugle, il faut reconnaître qu’il arrive à être un peu menaçant malgré ça. C’est surtout une figure d’autorité qui s’oppose à la liberté mais avec des raisons compréhensibles quand on y réfléchit.

• Dans ce long-métrage, comme le précédent, on y retrouve une critique du système et de l’inégalité, critique qui fonctionne malgré un tyran qui tente de faire respecter la loi (à se demander si le réalisateur n’a pas pris position envers ce personnage). Ou alors, ils ont réussi à y faire passer une critique de Netflix qui offrent un gros catalogue de séries à consommer modérément mais que certains veulent surconsommer en permanence malgré la chronologie des médias (représenté par Dagin).

• Le long-métrage démarre par le questionnement de plusieurs profils qui vont bientôt être prisonniers et c’est une bonne manière de commencer. Comme on sait à quoi s’attendre, il est vrai que démarrer le long-métrage ainsi apporte de l’intérêt pour savoir comment nos personnages vont s’en sortir.

• Ici, ce sont surtout nos deux personnages principaux qui évoluent mais qui évoluent de manière intéressante. En effet, on a l’un qui évolue de part son comportement envers les autres et la nourriture et l’autre qui apprend de tous ceux qu’elle croise et surtout de son compagnon de cellule.

• En terme de symbolisme, on a pas mal d’éléments intéressants. On retrouve une dimension religieuse à travers certains plans mais également le feu pour Zamiatin, Zamiatin pour Perempuan ainsi que le système… Bref, on peut dire que le symbolisme est réellement bon ici.

• La relation qui se développe entre Perempuan et Zamiatin est intéressante à suivre. Dès leur rencontre, on sent qu’un lien va se nouer entre eux au fur et à mesure de l’avancée des choses (même si ce n’est pas pendant tout le long-métrage).

• Question décors, ce n’est pas exceptionnel mais c’est convaincant. On est surtout dans les différentes cellules qui n’ont pas beaucoup de différences mais il faut reconnaître que ce sont des bons décors.

• Les musiques sont bonnes. Elles passent bien pour ce qu’elles racontent à l’image malgré qu’elles ne restent pas en tête mais ce sont réellement de bonnes musiques.

• On a un très bon jeu de lumières dans pas mal de scènes. Vraiment, les lumières sont bien utilisées et apporte une petite dimension esthétique pas trop mal.

• La fin est pas mal. Même si elle fait déjà-vue, elle reste une fin intéressante pour le personnage de Perempuan et de son évolution à travers tout ça.

Négatif

• On retrouve même le même message politique que certains ont analysé qu’on accepte les inégalités dans un pays ou d’un pays à un autre et qu’on y plonge sans songer à l’équilibre pour tous (qui est proche de la mentalité de Netflix et de son cahier des charges en plus).

• Un détail léger mais tout de même un poil énervant, pourquoi vous appelez ce long-métrage La Plateforme "2" alors qu’il se passe avant le premier opus ? Le principe d’une suite est de se passer après le premier opus, pas avant, donc pourquoi avoir choisi ce titre ?

• Étrangement, le scénario est un petit peu prévisible. En dehors de quelques petits moments, on voit facilement venir qu’ils vont descendre, atteindre le bas… EN même temps, ce n’est pas comme si ça nous rappelait le premier film (ironiquement parlant).

• Sachant qu’on voit deux personnages mis en avant sur l’affiche, on s’attend à ce que les deux jouent un rôle important, et bien non. Cette affiche offre une petite publicité mensongère sur un des deux personnages, ce qui est un peu regrettable.

• Dites, comment ça se fait qu’un gaz permet à des personnes de voler tranquillement dans les cellules sans que les prisonniers soient affectés (les morts d’accord mais les vivants) ? Il y a des chances que ce soit une incohérence pour arranger le scénario.

• Le jeu d’acteur est moyen. Il y a vraiment des moments où on a du mal à croire au jeu que les acteurs et actrices nous proposent. Tous ne sont pas à mettre dans le même panier mais la majorité a du mal et ça se sent.

• Il y a eu un souci de montage pendant les scènes d’action ? Non parce que, vu les surcuts dans ces moments là, c’est à se demander si le montage a vraiment été travaillé (même si on a vu largement pire).

• Espérons que vous ne serez pas déçu par un personnage mort qui arrive beaucoup trop tôt. C’est un détail qui surprend sur le coup mais cette mort trop hâtive gâche un peu le personnage concerné.

• C’est difficile de croire en la tension malgré ce qui nous est proposé. On est un peu attachés à nos personnages principaux mais pas assez pour ressentir de la réelle tension pour eux.

• La mise en scène n’est pas terrible. Il y a quelques idées créatives sur la fin mais, la majorité du temps, ce long-métrage a du mal à nous faire une mise en scène de qualité.

• La scène post-générique n’est pas mauvaise mais elle paraît un peu inutile. Même si ça fait un lien sympathique, c’est une scène plus inutile qu’autre chose non ?

• Il y a peu d’effets spéciaux mais qu’est ce qu’ils sont moches. Non mais vraiment, certains passages offrent des effets spéciaux très discutables.

• L’émotion n’est pas au rendez-vous. Malgré les musiques, aucune scène n’est réellement touchante envers nos personnages.

Au final, La Plateforme 2 est un long-métrage pas terrible qui n’apporte pas de réel nouveauté ou d’intérêt à cet univers. C’est intéressant de suivre des nouveaux personnages mais si c’est pour revoir certaines situations similaires, ce n’est pas la peine. On a beau avoir des personnages principaux intéressants, du bon symbolisme et des décors corrects avec une bonne musique, ça ne suffit pas. Le scénario est un peu prévisible, le jeu d’acteur est moyen, la mise en scène est discutable, les effets spéciaux ne sont pas terribles et la tension ne marche jamais. Peut-être que cet opus vous donnera envie de revoir le premier film mais ce n’est pas une suite qu’on peut considérer au même niveau que son aïeul.