Le Repas fut Lourd
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le 6 oct. 2024
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Contre toute attente, j'ai pu regarder ce film en évitant parfaitement les scènes gores, donc bravo aux réalisateurs pour avoir fait en sorte que ce soit compréhensible sans qu'il soit nécessaire d'avoir à se choquer. Les films d'horreur en huit clos sont (presque) toujours ceux qui ont le plus de potentiel, et la plateforme s'ajoute à liste.
Le postulat de départ du film est simple : une critique sociale et quelques métaphores. On y retrouve des références bibliques et politiques (comme dans la seconde partie où les loyalistes s'opposent aux barbares, qui peut s'étendre globalement à une opposition libéralisme jaune/autoritarisme rouge).
Sur la forme comme sur le fond, ca m'a un peu fait penser à l'intemporel imaginaire des cercles de l'enfer de Dante (puisqu'on pourrait se dire qu'ils sont dans une forme de purgatoire sans fin) mais aussi Cube, qui avait déjà révolutionné le cinéma d'horreur à son époque. On peut voir dans les différentes paires de voisins de cellule un parallèle avec l'alliance de Dante et Virgile, bien que ce soit à prendre avec des pincettes.
Quoi qu'il en soit, voici quelques pistes d'interprétations retenues par rapport à ce diptyque de films :
- On pourrait évidemment ( ;) ) s'en tenir à l'idée qu'il ne s'agit là que d'un purgatoire, puisque tous les rebuts de la société s'y trouvent (divers criminels, malades mentaux ou non, adultes rejetés par leur parents…)
- Ou que c'est tout simplement une sorte de prison qui couterait, pour une raison ou une autre, moins d'argent à l'administration/l'état (c'est ce qu'on peut comprendre quand Zamiatin, (le détenu pyromane) dit que c'était ca ou l'hôpital psychiatrique pour lui).
- Goreng a mangé ses compagnons de cellule, ce qui explique pourquoi il les voit autour de lui : en les ingérant, ils font toujours partie de lui.
- Après le niveau 250 initialement calculé, il n'y a bel et bien pas de niveaux supplémentaires, et tout ce qui suit prendrait alors un statut symbolique, métaphorique : les niveaux d'en dessous ainsi que les enfants ne symbolisent qu'une dichotomie entre l'enfer et l'espoir que les protagonistes traversent puisqu'ils n'ont pas de quoi se nourrir. Il est donc tout à fait possible pour Goreng, idéaliste de nature, d'avoir ce type d'hallucination ou de projection. La seule issue de cette prison, c'est ce que représente le niveau 334 : la mort.
- La Panna Cotta n'a donc pas pu être mangée par l'enfant, et c'est bien elle qui est remontée.
Une scène en particulier devrait nous interpeller : celle du chef qui réprimande ses commis à cause d'un cheveu qui serait resté sur celle-ci. Si cette scène se situe bel est bien après que la panna cotta soit remontée, alors, l'univers sombre et pessimiste du film s'en retrouve encore alourdi.
Le rapport des classes sociales entre elles est d'autant plus fort si on prends en compte cette scène, puisque le "message" n'a pas été compris ; les cuisiniers pensent que si la panna cotta n'a pas été mangée, c'est parce qu'il y avait un cheveu dessus. Ceux des étages inférieurs ne l'ont pas touchée pour montrer qu'ils étaient capables de laisser un plat intact comme il le leur a été servi. Ce rapport d'inversion des préoccupations est une lecture qui rends sa profondeur au film. Si on ne le voit pas, on peut se contenter de penser que ce n'est qu'une simple métaphore de la théorie du ruissellement depuis le début (avec un angle de lecture français, forcément, ca peut donner des critiques un peu acerbes).
Mais même dans ce cas, puisque le postulat de base est "simple", et que le film de s'encombre pas de références intellectuelles à tout va, ca reste équilibré.
Néanmoins, pour que le spectateur ne se fasse pas de nœuds inutiles au cerveau, certaines scènes auraient pu être arrangées dans une organisation différente, plus linéaire. Le non linéaire, c'est très bien dans le surréalisme, dans l'horreur, c'est moins convaincant.
Aussi, en savoir plus sur cette "administration" n'aurait pas été de trop, car les motivations et l'existence d'un tel endroit restent sans réponse nette (d'où l'impression d'une mauvaise fin pour certains).
Créée
le 7 déc. 2024
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