Une somptueuse fresque monumentale, une épopée épique brillamment interprétée.

Deux anciens élèves d’Harvard se retrouvent des années plus tard au fin fond du Wyoming. L’un est devenu shérif, l’autre est un alcoolique notoire et membre d’une association de gros éleveurs en lutte contre les immigrants.


Après avoir été ovationné et récompensé par 5 Oscars (dont celui du Meilleur réalisateur), pour son troisième long-métrage, Michael Cimino délaisse la guerre du Viêt Nam pour celle du comté de Johnson qui se déroule dans le Wyoming entre 1889 et 1893. En adaptant ces faits-réels (de façon romancé), le cinéaste nous entraine au cœur d’une somptueuse fresque, monumentale de par sa durée (3h45), ses décors à perte de vue et ses très nombreux figurants. Une épopée épique qui nous emmène en plein cœur des États-Unis, au moment où la guerre fait rage avec les propriétaires terrains qui se livrent à un génocide (le massacre des pauvres par les riches) envers des fermiers immigrants en provenance d'Europe, le tout, mêlé à une rivalité amoureuse.


La Porte du paradis (1980) n’est pas seulement un projet d’une envergure démesurée et un monument du 7ème Art, il est aussi et surtout, un gouffre financier et un échec cuisant au box-office (plus gros flop de l’Histoire), les pertes furent tellement colossales que cela a conduit le studio United Artists à la faillite (le montage initial faisait près de 5h30). En ne rapportant à peine 4 millions de $ pour un budget 11 fois supérieur, le film se fera descendre par les critiques et le public ne sera jamais au rendez-vous, il faudra attendre plusieurs décennies pour que le film obtienne enfin la reconnaissance dont il mérite.


Injustement boudé à sa sortie, le film de Cimino ne mérite pas tant de haine. Certes, le film aurait gagné en intensité dans sa première partie où bien souvent les longueurs disgracieuses desservent le film, avant que ce dernier ne prenne une toute autre ampleur dans la seconde partie, notamment avec le triangle amoureux et l’assaut donné par l’Association.


Bien évidemment, si le film est d’une beauté à couper le souffle (comme à son habitude, Cimino magnifie ses décors en extérieur, le Wyoming y transparait de la plus belle des façons), il faut surtout souligner la très belle interprétation de ses acteurs. Le cinéaste y convie bon nombre d’acteurs de divers horizons, Kris Kristofferson, Isabelle Huppert, John Hurt, ainsi que trois autres acteurs qu’il avait déjà fait jouer ou qu’il fera jouer par la suite : Jeff Bridges (Le Canardeur - 1974), Christopher Walken (Voyage au bout de l'enfer - 1978), ainsi que Mickey Rourke (L'Année du Dragon - 1985). Une très belle composition d’acteurs qui se ressent tout au long du film. Cimino nous livre ici une toute autre facette de l’ouest américain, très loin de l’image de carte postale, c’est à la fois enivrant (les paysages à couper le souffle) et écoeurant (le massacre des immigrants).


(critique rédigée en 2010, réactualisée en 2022)


http://bit.ly/CinephileNostalGeekhttp://twitter.com/B_Renger


Film vu dans le cadre d’une intégrale « Michael Cimino »

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le 31 mars 2022

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RENGER

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