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Si ce film a tous les ingrédients du poliziottesco, son discours s’en éloigne totalement. Ici pas de flic vengeur qui tire sur tout ce qui bouge ; ici pas de truand déjanté qui tue sans sourciller. Au contraire, les deux personnages principaux ne cessent de s’éloigner de ces deux figures pour former un duo mal assorti, embarqué dans une sombre histoire dont ils ne sont que de folles marionnettes. Derrière la caméra, Sergio Sollima semble nous rejouer Colorado avec son homme de loi épris de justice et son hors-la-loi dont on veut faire une cible facile. Comme dans le western, les deux protagonistes apprennent à se connaître, à se comprendre et à s’apprécier mais il leur est impossible dans ce récit de s’allier efficacement. Si les westerns italiens sont le plus souvent des brûlots politiques plutôt optimistes, les polars en sont le revers pessimiste. Pas de soleil dans le polar, pas de compromis, pas de solution. Au final lumineux de Colorado répond donc le final crépusculaire de ce Revolver dont personne ne sortira indemne.
Œuvre politique évidente, ce film ne cesse de jouer avec les codes du polar italien. S’il ne méprise pas l’action, il la rend toujours utile, et la violence qui se déploie sous les yeux du spectateur n’est jamais gratuite. D’un film de série, l’ensemble glisse ainsi peu à peu dans le film d’auteur, d’autant plus que Sergio Sollima lorgne de plus en plus du côté du thriller paranoïaque américain. En choisissant en tête d’affiche Oliver Reed, le réalisateur accrédite cette démarche, l’acteur n’ayant jamais été à l’affiche d’un film d’exploitation italien. Ennio Morricone à la musique livre également une musique qui oscille entre thème mélancolique et thème inquiétant et ne semble jamais marcher dans les pas de scores attendus dans le poliziottesco. Ne cessant de redéfinir les figures attendues du genre, tout en assumant une filiation avec son propre cinéma, et notamment ses westerns, le réalisateur trouve le juste équilibre qui lui permet de livrer un polar politique sans marcher dans les pas du spécialiste italien, Damiano Damiani.
Il en ressort un titre vraiment original, presque inclassable, qui ne peut se réduire au simple poliziottesco. Beaucoup plus subtil que le tout-venant mais toujours aussi noir et désespéré, sa contribution vaut bien mieux que Cité de la violence dont le faux rythme et le récit mal fagoté pouvaient rebuter. En dépit d’une ouverture volontairement foutraque, il prend le temps ici de remettre les choses à l’endroit à travers un cheminement aussi bien géographique (toute la deuxième partie du film se situe à Paris) que psychologique par l’intermédiaire, notamment, d’un personnage féminin qui n’a rien ici d’une simple potiche. Allégorie politique qui se termine par cet aveu d’un avocat qui affirme que pour être entendu, il ne reste au bout d’un moment plus que la loi du revolver (d’où le titre original), voilà un film qui réserve un lot de surprises à tous les étages.
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le 18 nov. 2024
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