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Il y a des années déjà que Thomas (Anthony Bajon) se pique à l’héroïne, mais à 22 ans il décide d’aller sevrer le velvet underground dans les alpages. Il y a une communauté, une maison qui les accueille, un purgatoire. Supervisé par un prêtre catholique (Alex Brendemühl), lui et les autres toxicomanes ont vécu l’antichambre de la mort mais il s’épaulent et troquent les fixs pour des psaumes. Une introspection harassée par le manque, mais il faut tenir et “serrer les dents” comme il dit. C’est un véritable chemin de croix pour Thomas dont la vocation spirituelle pourrait bien évoluer après une séduisante rencontre, Sybile (Louise Grinberg)...
Une histoire transcendantale sur l’addiction, l’entraide, l’amour et la foi...
A l’origine du film, il y a Aude Walker et un livre jamais écrit. Puis un premier scénario abandonné il y a cinq ans, enfin une rencontre décisive avec ses co-auteurs Fanny Burdino et Samuel Doux et aujourd’hui, voilà “La Prière”. Une histoire transcendantale sur l’addiction, l’entraide, l’amour et la foi. Tout est réversible et les sujets se mêlent.
Cédric Kahn laisse un élégant mystère autour des personnages. Le film démarre dans l’allée du refuge. Qu’importe les vies d’avant! Ce n’est pas un film sur la drogue ni sur la religion d’ailleurs, même s’il questionne la foi, en soi, en l'autre. Pourtant on les découvre lors de confessions de groupes. Les visages défilent et l’histoire se répète. Maudits dès l’enfance, décrochage scolaire, isolement, alcool, vol, prostitution, course à la cam, crises cardiaques, hépatites, septicémies... Les choses sont dites dans la douleur mais tendrement et pudiquement, sans musique, sans artifice; apaisée, la mise en scène est d’une simplicité brutale.
La prière pour qui, pourquoi?...
Filmés dans le Triève, à côté de Grenoble, et dans la rudesse d’un camp quasi militaire, ces anciens toxicomanes s’émancipent du chaos et recréent des liens fraternels, du collectif, de l’humain. Un peu plus haut dans la montagne, il y a la maison des filles et l’on célébrera même des fiançailles. Cédric Kahn se dit lui-même agnostique et choisira volontairement l’angle du récalcitrant Thomas pour mieux dérouler l’histoire. Agneau rebelle, il s’apaisera. La prière pour qui, pourquoi? Sur le chemin de la rédemption, ils se parlent avec sincérité, candeur et pardon. Rien ne se perd, tout se transforme, l’héroïne est devenue psaumes et un peu d’amour. D’aucuns les diraient illuminés mais ils travaillent le bois, la terre et réapprennent à aimer.
Que fallait-il de coeur et d’humilité pour ne jamais plonger dans le pathos tire-larmes? A l’image du réalisateur et de son acteur principal, si le film nous bouleverse c’est avec une élégante pudeur. Peut-être des raccourcis d’écriture, des longueurs notables et une construction finale un brin facile mais il reste l'impression d’avoir vécu un moment privilégié. Candide, violent et sincère!
Article complet sur Cineman.ch
(Berlinale 2018 / 18 Février)
Créée
le 1 avr. 2018
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