Ce film s'inscrit dans la grande tradition des films italiens, de "Nos plus belles années", à "La carrière d'une femme de chambre", où toute une vie nous est racontée.
Le film bascule entre le passé et le présent, à l'époque où une jeune femme, de par sa beauté, brûle tout ce qu'elle touche, y compris dans sa vie familiale, et le présent avec la maladie à gérer, mais on retrouve dans ces époques la même énergie, l'envie de s'en sortir, que ce soit par l'amour, le cinéma, les petits boulots, mais cette vraie "Mamma" donne sa force au film, qui en devient très italien, dans sa bonhommie qui a tendance à bouffer l'écran.
Attention cependant au cabotinage un peu excessif de certains acteurs, dont celui qui joue son mari dans le passé, et une chose qui m'a frappé ; les scènes du passé sont baignées dans une lumière ocre assez repoussante, comme si le négatif avait trempé dans du vinaigre. Et la mise en scène est, disons, très scolaire, dans un style qui voudrait imiter Dino Risi (qui est d'ailleurs dans le film, ainsi que la présence très rapide de Marcello Mastroianni). On pense aussi à "La comtesse aux pieds nus", non seulement parce que l'héroïne est surnommée Ava Gardner mais, comme dans le film de Mankiewicz, elle a une énergie autophage qui va consumer ses enfants, sa vie, ses amours, et ce jusqu'à sa mort.
Étrangement, le film est peu émouvant, sauf dans les dernières scènes où, sans dévoiler quoique ce soit, une certaine musique entendue dans "Le Parrain 3" ramène beaucoup de souvenirs, où le dernier bonheur peut faire prolonger la douleur.
Au final, c'est un film assez étrange, plutôt boursouflé de par son ambition de retracer 30 années de la vie d'une femme ayant raté sa vie, mais dans lequel on n'a pas trop envie de se moquer. Certes, ce n'est pas le retour du grand cinéma italien (il y a Sorrentino, Garrone et Morreti qui font de très bonnes choses), mais c'est un bon début.