Comme souvent chez Lubitsch ça commence TRES fort. Un riche industriel se fait brosser, reluire, verser le thé par quatre domestiques noirs en livrée, tandis que sa fille casse tous les meubles de sa chambre par frustration sexuelle (elle veut à tout prix faire un plus beau mariage qu'une concurrente). Grâce à une agence matrimoniale spécialisée (géniale scénographie avec les portraits de tous les prétendants affichés jusqu'en haut des murs et échelle glissant comme dans une bibliothèque), ils s'achètent un prince fauché - là c'est encore mieux, c'est le prince qui fait sa propre scéno, en transformant son boui-boui en palais, assis sur une chaise perchée sur une table pour imiter un trône.

Le prince envoie son domestique enquêter au palais : on le fait attendre, et pour patienter il se met à suivre obstinément les courbes des motifs peints au sol, on n'est pas loin du surréalisme.

Mais ensuite ça devient confus. Car l'héroïne prend pour le prince le valet, qui ne dément pas et l'épouse... sous le nom du prince. Était-ce prévu avec son boss, est-ce une trahison, on n'en sait rien. En tout cas, voici notre faux prince confronté aux us et coutumes de sa nouvelle demeure : serviteurs et intendants s'y multiplient jusqu'à saturer le cadre - et ça finit par devenir redondant (l'accueil, le bain, le repas, même principe), hormis une scène homérique de fox-trot qui tient de la comédie musicale. Le vrai prince finira par rencontrer sa promise dans une association anti-alcoolique, où l'a déposé un cocher qui le trouvait un peu trop bourré au sortir d'une fête de copains. Toutes les gentilles dames patronnesses tombent amoureuses de lui, ça se règle en gants de boxe et notre héroïne remporte le match. C'est le 4e des 6 films qu'Ossi Oswalda tourna avec Lubitsch, c'est peu dire qu'elle est moderne, barrée, à la hauteur du délire. D'autant plus dommage que le film se soit enlisé dans cette affaire de faux prince, mais pour 1919 ça reste impressionnant.

LunaParke
6
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le 6 sept. 2024

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