Ce téléfilm est une commande de l'ORTF à Rossellini. Ce dernier voyait la télévision, média de masse, comme une possibilité d’instruire un grand nombre de personnes. Ici, il tente de montrer les événements politiques en France aux alentours de 1661, à savoir la mort de Mazarin et surtout, dans la continuité, le choix de Louis XIV de gouverner "seul".
Le téléfilm débute par la lente mort du Cardinal Mazarin. De toute évidence, Rossellini fait ce choix pour marquer le spectateur, lui faire comprendre qu’un homme historique vient de sombrer…
Pour qu’un autre sorte de l’ombre. «Nous venons de perdre un bon ami, mais rassurez-vous, vous avez retrouvé un bon maître», c’est par ces mots glissés à ses ministres que Louis annonce son dessein politique. Durant une heure trente, nous nous tenons au milieu des ministres et du roi, observant les différents stratagèmes, manigances et choix forts des hommes politiques. Louis XIV n’est pas encore le Roi-Soleil, le téléfilm nous montre sa montée en puissance, l’assurance qu’il prend dans ses choix politiques n’hésitant pas à emprisonner son surintendant des finances, Fouquet, jusqu’à la décision de s’installer, lui et la Cour, à Versailles et d’y construire le fameux Château. Ce tournant vient peut-être au moment de la scène de chasse, métaphore biblique, où une biche traverse une rivière. Au sorti de l’eau, nous ne retrouvons plus à l’écran le même animal. Le fragile cervidé laisse place à une meute de chiens sous fond de trompettes. Ainsi le jeune chef d’État devient par la même occasion monarque absolu.
L’oeuvre possède plusieurs qualités. Nous nous plongeons facilement dans le passé, l’impression de voir l’Histoire se jouer devant nous. Ceci est permis par de beaux décors et costumes. Nous restons bien entendu dans un téléfilm, ainsi une comparaison avec un film à gros budget serait assez malvenue. Toutefois le travail fait autour des acteurs/actrices et suffisamment pertinent pour être crédible. Tout comme le jeu de ses derniers.
La plus grande qualité de La Prise de pouvoir par Louis XIV reste son contenu pédagogique. L’oeuvre s’appuie sur des ouvrages historiques solides. Le contexte historique, notamment la Fronde, épisode de jeunesse traumatisant pour le roi est bien restitué. Les différentes scènes sont amenées dans un ordre réfléchi de telles sortes que les choix politiques, en somme l’Histoire, sont logiques, compréhensibles. Nous noterons également le réalisme au niveau du maquillages des acteurs. Ils ont un visage proche de la réalité lorsqu’on les compare à des peintures contemporaines. Un travail a également été fait sur le choix des acteurs. Mazarin, italien, est incarné par Cesare Silvagni, un acteur italien parlant bien français mais avec l’intonation de sa langue natale prononcée. Tout comme Anne d’Autriche jouée par une Katharina Renn étrangère (certes pas espagnole). Toute allusion à une série récente serait fortuite.
S’il est évident que le téléfilm ne remplace pas un livre consacré à la même période, il permet de mettre en scène l’Histoire et conviendra tout à fait à de jeunes personnes. En somme, si le téléfilm ne brille pas par son aspect technique, Rossellini réussi à montrer que la télévision peut-être un formidable moyen pédagogique. Il faut juste de la volonté et de l’intelligence, ce dont le jeune Louis ne manquait pas.