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La passion Lippi se présente comme une fresque historique de la Renaissance florentine vue à travers l'étude d'un envoutant artiste, protégé de Cosme et maître de Botticelli, Filippo Lippi. Autant le dire de suite, ce roman est sans grand intérêt. Pour les amateurs de romans comme de peintures.
Les premiers seront attentifs à la plume, ici faiblarde, sans style particulier si ce n'est par certains éclats, malgré les possibilités qu'offre un roman historique à cette période.
La plongée dans le Quattrocento florentin est ratée par la faible profondeur de l'univers, la présentation de la ville des Medicii étant trop bâclée. Peut-être que certains trouveront le peu de passages descriptifs et de propos historiques agréables mais ces choix ne desservent pas l'oeuvre. C'est d'autant plus regrettable car le roman se déroule durant une période historique particulièrement riche. Le livre aurait pu nous apporter des connaissances sur cette incroyable époque mais nous laisse très vite sur notre faim, les lignes énonçant au mieux des poncifs, au pire rien du tout.
Il en est de même pour le contenu touchant à l'histoire de l'art. Filippo Lippi est raconté qu'à travers certaines périodes de sa vie, plus ou moins développées. Notons à ce propos que le roman commence et s'achève sans lui. Il serait sévère de demander à un roman de posséder la même rigueur scientifique qu’à une monographie mais lorsqu’on intitule son livre "La passion Lippi" et qu’on le présente comme centré sur la vie de l’artiste, nous sommes en droit d’en attendre quelque chose.
La faiblesse du contenu se fait rapidement ressentir. Par la démultiplication ces dernières années du contenu sexuel dans les oeuvres, il est aujourd’hui aisé de différencier celles où les parties frivoles desservent l’art et celles, trop souvent, où elles ne sont là que comme remplissage et/ou servant à aguicher le spectateur/lecteur. Nul besoin de préciser que les moments intimes de Lippi et sa femme ou autres orgies à rendre jaloux Bacchus ne servent à rien, pas même d’exercice de style pour assouvir notre goût pour l'art et le sexe, formidables humains que nous sommes, ici bien trop plat et enfantin.
Les passages où l'artiste est au travail sont tout aussi problématiques. Peu développés, l'auteure se contente de descriptions basiques et autres banalités artistiques qui n'impressionneront que ceux qui ignorent ce qu'est le Musée du Louvre. La Vie ardente de Michel-Ange passe à côté pour une thèse universitaire.
Enfin, dernier point regrettable illustrant également la faiblesse de l'oeuvre, l'exagération de la vie de Filippo Lippi. Sophie Chauveau n'a pas réussi à atteindre l'essence de l'art du peintre renaissant et, par des moyens romancés sinon malhonnêtes, cherche à légitimer son roman. S'il ne fait aucun doute que le moine a été un formidable peintre capable de représenter des Madones douces à en se mettre à genoux, annoncer qu'il a, par exemple, été à l'origine de la foi de Fra Angelico semble un raccourci à rendre jaloux Mantegna...