Dans ce chef d'oeuvre unanimement incontestable si l'on en croit à peu près la terre entière, Ford nous montre de courageux pionniers, avec un coeur grand comme ça, la larme au bord de l'oeil ou la bouteille à portée de main, des humains à la Ford quoi, truculents au possible , victimes de la terreur des Indiens qui les attaquent à la tombée de la nuit, ou qui les pourchassent en plein après midi, qui massacrent et brûlent tout sur leur passage.
Brefs, ils sont vraiment insupportables.
Quand ils se comportent comme des civilisés, là c'est plus pratique, parce que on peut faire des affaires avec eux, leur vendre des chapeaux. Tout ça baigne dans des paysages grandioses, des canyons, de la lumière, la terre promise, quoi.
Ce qui court sous tout cette histoire, ce script sentimental et ce folklorisme Irlandais qui moi, me laisse froid comme un tibia de mammouth surgelé, c'est la grande Histoire, celle de la conquête de l'ouest, c'est à dire des colons blancs qui ont pris peu à peu possession d'un territoire occupé par des autochtones, les Indiens, et qui ont fini par les exterminer et à réduire ceux qui restaient en esclavage.
Ce que je trouve aussi ennuyeux et faiblard, chez Ford, c'est cette façon de vouloir nous attendrir avec toutes ces galeries de personnages hauts en couleur, les prêtres défroqués, buveurs, patriarches, les simples d'esprit,
les femmes de caractère, les jeunes filles candides etc... Il veut nous prendre par les sentiments pour faire passer son message, mais moi je n'ai pas spécialement de sentiments pour ces personnages qui ne me paraissent pas être des victimes en comparaison des Indiens exterminés pour leur faire place.
Wayne joue le rôle d' un vénérable vétéran de la guerre de sécession (les blancs n'avaient même pas besoin des Indiens pour s'entretuer) il est dégouté de tout, c'est en quelque sorte un alcoolique de la rage, un obsédé de la vengeance, qu'il maintient en lui comme au sein d'un coffre fort ; Ethan Edwards est prisonnier de sa colère et de sa solitude, et il en veut à presque tout le monde ; je ne trouve pas ce type touchant le moindre du monde, mais passons. Je ne sais plus qui a dit : "le sentimentalisme a pour superstructure la violence", mais le sentimentalisme de Ford m'a toujours paru suspect et pénible, sans parler d'un ennui sans fond...
Ce qu'il ne faudrait pas trop perdre de vue, c'est que cette histoire masque l'Histoire .
L 'Histoire est écrite par les vainqueurs, écrivait Brasillach .
"Quand la légende est plus belle que la réalité, imprimez la légende", dit un personnage de "Liberty Valance"...
Ben on y est, Ford écrit la légende, celle qui continue d'être glorifiée.
Le film a été désigné par l'American Film Institute en 2008 comme le « plus grand western de tous les temps ».
Propagande et dissimulation, révisionnisme de notables, maquillage d'Histoire .
Oui oui, les canyons, les cieux, tout ça, c'est joli à regarder.