La Proie d'une ombre aurait été parfait s'il s'était arrêté avant la fin. Je vais m'expliquer ! Mais d'abord, je dois saluer l'expérience sensorielle glaçante qu'a été pour moi le visionnage de ce film d'épouvante aux grands ressorts dramatiques. Merci la salle de ciné presque vide, peut-être, mais surtout merci à la bande-son et au jeu de caméra.
Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt, un film entièrement recentré sur le processus de deuil. C'est un sujet presque instinctif dans le domaine de l'épouvante : la mort. Mais la mort de l'autre, d'un être cher, subitement, sans prévenir, avec toutes les questions que ça provoque dans la tête de celui ou celle qui est abandonné, seul(e), sur cette terre en ruine, c'est plus qu'intéressant. C'est là que Rebecca Hall (interprête d'une chasseuse de fantôme dans La Maison des ombres - décidément, une ombre plane au dessus d'elle... -) intervient avec brio. Elle incarne parfaitement les différentes phases d'un deuil : le besoin d'être seule, l'esprit préoccupée par l'événement, la tristesse et la solitude subie, mais aussi la colère de ne pas connaître les raisons du suicide de son mari... A cela s'ajoute la découverte de secrets bien enfouis.
L'autre point fort du métrage, la maîtrise de l'ambiance. La maison isolée en forêt au bord d'un lac, on connaît bien quand on a écumé le genre épouvante. Mais cette fois, j'ai relevé un bon usage de la tombée de la nuit, des sons et de la tension, plus que de la surprise comme certains l'on pourtant dénoncé ici. Je n'ai pas trouvé que les jump scares étaient excessifs, j'ai trouvé qu'ils étaient bien positionnés dans l'intrigue. Si j'ai marché en plein dans le sursaut - prévu pour la salle de ciné sans aucun doute - j'ai surtout eu peur, je peux le dire, chaque fois qu'il ne se passait rien, justement. C'est le tour de force de la réalisation qui joue sur les temps morts tout en faisant croire au spectateur qu'il va bondir à tout moment. Parce que le suspens est omniprésent, largement aidée par la bizarerie d'un drame entre fantasme et réalité.
Dommage... Dommage que la fin soit une avalanche de ratés. Lorsque la révélation finale tombe, je sors complètement de ma torpeur. Et pour cause, l'antagonisme perd tout charisme autant dans la forme du dénouement que dans les scènes d'actions censées réduire les chances du personnage principal à néan. Que dire de la scène finale, si ce n'est qu'elle m'a semblé faiblarde, facile, fragile.
Comme un plaisir coupable, je pourrais tout de même le revoir.