Arme de destruction naïve
Au départ, ce film n'avait que peu d'arguments pour me convaincre.
Comprenez-moi: un obscur film de guerre de 1959, faisant la part belle à un Franck Sinatra en chef d'unité aguerri au fond de la jungle birmane, comment dire...
Mais voilà, c'est l'avant-dernier Steve McQueen de mon coffret, et puis bon, c'est Sturges aux manettes, alors zou ! Embarquons pour ces deux heures de batailles exotiques et un brin datées.
Avouons-le tout net: tout n'est pas raté dans cette romance guerrière, loin s'en faut.
Le récit de ce bataillon américain perdu dans la jungle ne devant sa survie que grâce à sa collaboration avec des peuplades du cru (les Kachin) contre les forces japonaises ne manque pas de saveurs. Un discours gentiment anti-guerrier (c'est un sale boulot mais faut bien que quelqu'un le fasse); des seconds-rôles tibulaires (allez, j'invente le mot): Charles Bronson, Richard Johnson (superbe !) ou Steve McQueen (car il n'est rien de plus qu'un second rôle ici, même si la scène qui l'introduit est on ne peut plus truculente -on comprend que ce genre de personnage va longtemps lui coller aux basques-); plus quelques scènes d'actions plutôt chouettes (l'attaque du camps de niak... de vilains japonais).
Le moins réussi tient dans la naïveté du propos. Naïveté de l'histoire d'amour (premier rôle à Hollywood de Lollobrigida, moyennement glamour, quand même, merde !) et de l'intrigue finale, qui voudrait nous faire croit que de hauts-gradés de l'armée U.S. pourraient mettre en péril leur carrière et la diplomatie internationale en temps de guerre pour faire triompher la justice, le bien, et la morale.
Au final, un film de guerre pas désagréable pour passer a l'ombre les grosses chaleurs de cet été torride: autant que ce soient les héros à l'écran qui suent, c'est quand même bien plus hygiénique !