La Proie nue par Tchitchoball

Le film pose ici les règles du survival peu avant Delivrance. Avec sa durée express (1h30), Cornel Wilde ne s'attarde pas sur le colonialisme pourtant au coeur de l'intrigue ce qui est bien dommage.
Ici, la survie de notre héros dont on ne connaît pas le nom se complexifie rapidement. En effet, échapper à une tribu dotée de grands coureurs et de véritables guerriers est une chose, le faire nu dans un milieu aussi hostile que la brousse africaine en est une autre. Et c'est ici que le propos de Wilde prend tout son sens. La nature est impitoyable pour tout le monde, en particulier envers cet homme civilisé sur lequel elle prend sa revanche. On voit ainsi plusieurs séquences ou le prédateur dévore sa proie cruellement pour nous rappeler la rigueur du cadre.

Donc voilà sur le papier c'est alléchant. En réalité, c'est une semi-déception chez moi. Je me suis légèrement ennuyé du fait de l'exigence du film. Quasi aucunes paroles, et finalement un rythme dont le film peine à se défaire. A savoir, Action ? Paysages ? Action ? Paysages.. qui a tendance à épuiser l'intrigue au lieu de la renouveler. Bon je suis difficile parce que certains plans sont vraiment magnifiques bien qu'assez rares.
Et puis la BO est en trop je trouve. Quitte à ne mettre aucuns dialogues, Cornel Wilde aurait dû saisir le silence étouffant et inquiétant de Dame Nature. Non, il a préféré nous coller une mélodie au TAM-TAM omniprésente, redondante et franchement agaçante au bout d'une heure. Un beau gâchis.

Certains vont peut-être mépriser le film pour l'ambiguité de son message. Mais je ne pense que l'intérêt de «The Naked Prey» réside ici. D'ailleurs Cornel Wilde rachète son héros (et justifie le final) en insérant une relation avec un enfant africain, afin de s'assurer qu'il évite le piège habituel du manichéisme. C'est dommage que ce second souffle soit si vite écourté. J'ai trouvé ce passage vraiment sympathique et le gamin génial.

J'aurais aimé que le film aille plus loin, quitte à durer plus longtemps même si formellement, il est plutôt réussi en l'état actuel.