La Proie nue
7.1
La Proie nue

Film de Cornel Wilde (1966)

Course-poursuite dans la savane sud-africaine. Un crétin arrogant indispose les autorités indigènes peu enclines à passer outre l'impolitesse coloniale. La troupe des britanniques est décimée à la suite de jeux bien dégueux et cruels. Les casse-têtes africains sont si peu ludiques mais si fracassants. La cuisson en terre cuite ou bien le baiser du serpent, le rasage définitif au coupe-coupe, etc, sont parmi les scènes les plus incisives. Le héros joué par le cinéaste lui même a la chance de nous jouer la chasse du comte Zaroff en milieu chaud. Il a droit à quelques mètres d'avance et parvient à la manière de l'Horace antique à prendre un peu plus d'avance. Mais la poursuite n'en finit plus. Sa tenacité et ses ressources morales lui feraient sans doute perdre Koh Lanta, parce qu'on n'a pas droit de tuer sur TF1, mais ici lui permettent d'instaurer la discorde chez les poursuivants.

Le film n'est pas cinématographiquement échevelant. Beaucoup de scènes animalières parsèment le récit et comblent les trous. Cartes postalisées, ces stock-shots font les virgules un peu maladroitement. Certains plans de couchers de soleil viennent donner des teintes irisées de temps en temps. Les scènes de combat sont aussi cruelles et frontales qu'elles manquent de crédibilité, tant les gestes paraissent trop lents, décomposés, mécaniques. Mais c'est pas trop grave, le nerf du film se situe bien plus dans la descente en enfer, jusqu'au bout de ses capacités de résistance et de ses nerfs. Et donc des notres également. La poursuite est haletante. Jusqu'au bout l'on ne sait s'il parviendra à se sauver.

Il y a dans cette poursuite quelque chose d'animal... le mot n'est peut-être pas le plus adapté avec tout mon charabia sur les stock-shots animaliers... disons alors hormonal, une peur primale, celle qui nous tenaille dans nos cauchemars d'enfants, qui nous réveille plein de sueurs, la peur d'être attrapé car la promesse de châtiment est irréfutable. Ce film joue totalement évidemment sur ce processus, cette sensation réflexe. Forcément le coeur bât plus vite quand on regarde ce film. Il va nous chercher loin. Pas sûr qu'il nous amène bien plus loin cependant. Un film divertissant et puis c'est tout mais c'est déjà pas mal. Dommage que la réalisation ne démontre pas plus de métier.
Alligator
6
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le 11 févr. 2013

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Alligator

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