La Proie nue
7.1
La Proie nue

Film de Cornel Wilde (1966)

Ici, vous retrouverez tous les animaux du roi lion et du livre de la jungle

Et si...

Et si à la place d'avoir ces autochtones africains, on avait des clochards!? Ben oui. Ici, je le rappelle, la raison de cette chasse, c'est que des blancs vaniteux n'ont aps voulu faire un don à une tribu. Imaginez vous maintenant dans la rue de Bruxelles (ou Paris, c'est selon votre capitale), quand soudain un cloclo (je ne parle pas du chanteur) surgit de nulle aprt pour vous demander 1 euro. Vous refusez (c'est normal après tout, c'est pas le chanteur). Faché, le clochard décide de vous pourchasser, de vous capturer et puis tente de vous tuer le plus cruellement possible, avec, bien évidemment, l'aide de ses amis. Voilà qui ferait un parfait remake non?

Bon...

La proie nue est un film particulier par son épuration. Quelque part, on rejoint Duel dans le Pacifique, où l'homme se retrouve confronté à lui même et à son isntinct de survie. Ce film-ci semble être un complément à celui de Boorman, un peu comme l'autre versant d'une même pièce. Le récit est épuré disais-je. Epuré par le contexte. L'Afrique. L'homme doit y trouver le moyen de survivre le plus simplement du monde. C'est l'objectif. Il est clair et limpide, rien ne vient parasiter cette donnée. Dans l'autre camp, les autochtones furax qui veulent l'embrocher. Ce sont les opposants. Leur objectif est lui aussi on ne peut plus clair. C'est d'autant plus intéressant que leur dialecte n'est pas traduit, on comprend par les images... c'est du muet, au fond! De ces deux objectifs, naît l'histoire. C'est simple, mais diablement efficace. Après, le scénariste doit trouver le moyen de rythmer son scénario. Car on ne peut pas juste montrer une traque pendant 1h30, le spectateur a besoin de temps morts. Et bien pour cela, on filme la nature. Mais attention, ce n'est pas gratuit. La nature fait écho au combat que mène notre héros. Le spectateur peut donc relâcher son cerveau sans pour autant se trouver déconnecté du film. C'est très intelligent.

Sur la forme, Cornel Wilde se montre tout aussi minimaliste. Il utilise une grammaire simple. Tellement simple que ça pourrait en devenir ridicule. Par exemple le réal voulait limiter le massacre d'animaux du mieux possible, du coup, la plupart des mises à mort se font hors champs. Et sa façon de le filmer est on ne peut plus premier degré. Mais en même temps ça renvoie au cinéma, à ce qu'il est. Ce n'est pas parce qu'on ne montre pas qu'il ne se passe rien. Bien au contraire. On est aux limites de la philosophie là, non?

Alors oui, parfois ça paraît maladroit, parce que Cornel n'a pas les réponses les plus efficaces dans sa simplicité. Et puis il doit parfois faire des compromis. Filmer la nature implique une façon de tourner tout à fait différente : caméra légère, en plein jour, à distance avec un téléobjectif... Alors forcément quand on combine ces images avec celles du vrai film, ça crée un choc, le langage est différent. Du registre documentaire on passe à un registre fictionnel. Et parfois, forcément, ça passe difficilement (notamment cette scène de guépard la 'nuit'). Il y a aussi d'autres maladresses, telles que des ombres de l'équipe technique ou des effets spéciaux un peu cheap. Mais si comme moi c'est l'histoire qui vous intéresse, alors les effets spéciaux ne poseront pas de problème. C'est un peu comme dans Myst, le film est génial mais les effets sont pourris, dignes d'un téléfilm!

Il est important aussi de dire que des animaux ont réellement été tués pour les besoins du film. Je ne cautionne pas du tout. Mais il faut admettre que cela donne un ton particulier au film qui n'est pas sans rappeler le réalisme perturbant de Cannibal Holocaust. C'est certainement moins gore, et moins contemplatif, mais il nous est donné de voir que, vraiment, ce sont des vrais animaux. Une petite anecdote : le réalisateur voulait que deux bestiaux s'affrontent, un python et un lézard (sorte de dragon de varan). Le python allait l'emporter, le réalisateur ne voulant pas sacrifier inutilement le lézard, s'interposa lui même pour les séparer. Le varan, pour le remercier, le mordit à la jambe et ne le lacha plus. L'équipe dut abattre la pauvre bête et emmener le réalisateur à l'hopital (il faut savoir que les Varans se nourissent de cadavres principalement, ce qui leur crée à la fois une immunisation contre les bactéries et un poison naturel puisque justement leur bouche étant remplie de bactéries!).

Bref, la proie nue est un film coup de poing, de sa simplicité naît une grande force. C'est un récit 'pur' comme je les aime. Personnellement je le trouve mieux rythmé que son petit frère 'Hell in the Pacific'.
Fatpooper
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le 14 nov. 2012

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