Voilà un bon représentant du genre de film qui aurait pu être totalement génial s’il n’était pas truffé de défauts. The Naked Prey est un survival fondateur qui a bien des qualités, à commencer par son ambiance vraiment unique. Cette chasse à l’homme a lieu dans un cadre sec et sauvage très bien rendu à l’écran. Cette nature hostile qui entoure le personnage quasiment nu, d’où le titre, rend le danger encore plus palpable. L’atmosphère d’ensemble est terriblement oppressante et j’ai vraiment adoré l’accompagnement sonore. Tantôt le film est bercé par des sons de tam-tams secs et menaçants, tantôt seul le bruit de la nature opère. Et ce quasi silence rend les séquences encore plus tendues. Le rythme très calme du film contribue aussi à rendre cette chasse à l’homme captivante puisqu’il dégage bien cette sensation de durée, de traque interminable.
Par contre, comme j’ai pu le dire précédemment, The Naked Prey est vraiment bardé de défauts. Le montage pendant les scènes de combats est parfois hasardeux, certaines coupes ne sont pas très inspirées. Par contre la violence du film fonctionne très bien et rend le climat du film encore plus âpre. Le film « s’illustre » aussi par une vision un peu Banania de l’Afrique qui peut être parfois gênante même si dans le fond j’ai trouvé ça plutôt amusant au second degré. Et quelque part, ça évite aussi au film de développer des messages anticolonialistes et antiracistes qui auraient été anachroniques et hors-propos au vu de l’époque où se situe l’action du film. Mais ce dernier n’est pas raciste pour autant à mon sens et ce serait très injuste de le taxer comme tel. Il y a notamment la naissance d’une relation touchante quand le personnage principal s’attache à un jeune enfant noir vers la fin du film. Il en va de même pour le groupe des poursuivants du personnage principal qui s’avèrent très humains avec leurs doutes, leurs craintes, leurs sentiments. Nous sommes quand même loin de la représentation d’une confrontation « homme civilisé vs barbare africain sans émotions ». C’est bien plus nuancé que ça.
Je dirais juste que la vision de l’Afrique de Cornel Wilde est un peu maladroite dans sa représentation. Et si l’aspect Tintin au Congo perdure pendant un bon quart d’heure au début, il se dilue très vite dès que la chasse à l’homme commence. Le film devient alors plus réaliste, totalement centré sur ses enjeux de survie en milieu hostile et il n’en fallait pas forcément plus pour maintenir l’intérêt du spectateur. Je peux comprendre les quelques réticences concernant le rythme très calme qui peut vite devenir ennuyeux si l’on n’accroche pas mais ce serait quand même occulter l’excellent travail d’ambiance. Les quelques insertions d’images d’animaux sauvages contribuent également très bien à celle-ci, mettant plus de nerfs et de sensation de danger dans cette chasse à l’homme. Une belle expérience de cinéma qui aura posé les bonnes bases du survival, j’ai vraiment beaucoup aimé.