C'est la première fois que j'entends parler au cinéma du génocide Arménien. Le sujet à lui tout seul vaut le détour (et la moyenne). Quand on y rajoute un tel casting, çà fait baver d'envie...
Fort heureusement, la bande annonce putassière au possible, comme le choix du titre (mon dieu), nous mettaient sur la bonne voie : pas ici de film hautement politisé, pas de choix forts et clivants, uniquement une timide critique grand public aux filtres et à la réalisation léchés, mais fortement marquée par un pauvre classicisme.
Voix-off lourde, trio amoureux, personnage central caricatural et beaucoup trop lisse, on part donc sur de très mauvaises bases... Pourtant, le récit nous tient en haleine malgré certaines longueurs (2h11 tout de même), les acteurs récitent une excellente partition, remontant quelque peu le niveau d'un scénario mal avisé par leur investissement. En premier rôle, Oscar Isaac arrive à rendre son personnage charismatique (il part pourtant avec un sacré retard avec ce héros sans aspérités), alors que Christian Bale est une nouvelle fois habité par l'importance du sujet.
Même si le petit bémol usuel est toujours pour Charlotte le Bon, qui peut se révéler très ennuyante, elle joue plutôt bien sa partition alors que son personnage était clairement à rayer de cette histoire, au lieu de se retrouver en son centre. Une façon de rendre un sujet si grave plus digeste, peut être ?
La réalisation est correcte, léchée, avec quelques réussites visuelles, sauf peut être en dernière partie de film, alors qu'on essaie de montrer une scène de guerre qui n'a peut être pas lieu d'être si on veut traiter ce sujet d'anéantissement.
Encore une fois, dans ce genre de film clairement estampillé grand public, on veut traiter de violence sans la monter, ou plutôt en l'édulcorant. C'est assez dommage surtout ici, car les scènes "fortes" se retrouvent empreintes d'une certaine timidité. Les violons remplacent les crissements des balles, une voix off pesante prenant la place des cris déchirés. On a évidemment droit à un texte défilant (et très mal choisi) en toute fin, nous précisant que la Turquie n'a à ce jour pas reconnu ce génocide.
Dommage qu'en plus de deux heures de développement du sujet, on n'en apprenne pas plus qu'en cours d'histoire de 4ème.
Ma critique a beau être acide, ma note est très clémente. Encore une fois la seule idée de parler de ce sujet encore aujourd'hui brûlant mérite la moyenne, et je n'ai pas crié au scandale. En effet, le film évite l'écueil classique de ce genre de mélo : il ne se révèle jamais larmoyant.