Le compte-rendu de ce film est une parenthèse dans mes critiques. Les films sur les génocides qui forment au minimum 10% de la production française des séries FR3 et Arte m'ennuient au plus haut point. Leur but honorable et didactique se heurte à la triste réalité de l'espèce humaine. Il y a actuellement des génocides qui ne portent pas ce nom en Syrie et au Yemen et personne ne s'en soucie et toutes les série du monde n'y pourront rien.
The Promise est donc un film sur le génocide arménien de 1915. Ce film a nécessité le plus gros budget parmi les films sur le génocide arménien. Et ça se voit. Les reconstitutions sont saisissantes, les figurants sont nombreux et il y a des pointures internationales comme Christian Bale parmi les acteurs.
Le parti-pris de la romance est à la fois l'atout et la faiblesse du film. Certain(e)s auraient été rebuté(e)s par la sécheresse d'un documentaire. D'autres comme moi, plus pressés, pensent que rajouter l'éternel triangle amoureux alourdit le film inutilement. Le film fait quand-même ses 134 minutes bien tassées. Comme c'est d'usage le triangle amoureux va se séparer, se briser et l'un(e) des trois parties trouvera la mort à la fin. Reste à parier sur qui et là je me suis planté. Il y a aussi le personnage du Turc gentil. Celui-là, me dis-je, ne survivra pas bien longtemps. Bingo !
Le metteur en scène irlandais Terry Georges est le spécialiste des luttes inégales et désespérées (les luttes de l'IRA avec Au Nom du Père ou The Boxer, la lutte de prisonniers anglais face aux Allemands dans Mission Evasion, celle des Tutsis dans Hotel Rwanda). Les victimes des persécutions finissent pourtant par réussir à force de volonté et de courage.
L'épisode oublié de l'histoire qui est ici évoqué à la fin du film est la résistance désespérée de Musa Dagh. Pendant 53 jours des Arméniens peu armés ont tenu tête à l'armée turque et à ses canons. 4000 d'entre eux ont pu être sauvés par la 3ème escadre de la flotte française . La décision de sauver les Arméniens avait été prise par l'amiral Dartige du Fournet, afin de sauver les Arméniens chrétiens du joug des Turcs. Mon grand-père était matelot sur l'un des bateaux et je suis fier de lui. L'évocation de cette page oubliée de l'histoire était la vraie raison de ma critique.
Place maintenant au poème de William Saroyan sur le peuple arménien cité à la fin du film.
J'aimerais bien voir qu'une quelconque puissance au monde
Parvienne à détruire cette race
Cette petite tribu de gens sans importance
Dont toutes les guerres menées ont été perdues ;
Dont les structures se sont effondrées ;
La litterature cessée d'être lue ;
La musique d'être entendue ;
Et les prières aux
quelles personne ne répond plus.
Allez-y, détruisez l'Arménie.
Voyons si vous y arrivez.
Envoyez les> dans le désert sans pain ni eau.
Brûlez leurs maisons et leurs> églises.
Et vous verrez s'ils ne savent pas rire, chanter et prier à> nouveau.
Car quand deux d'entre eux se rencontrent n'importe où dans> le monde,
Voyez s'ils ne créent pas une nouvelle Arménie.