Sixième sens
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Comme d’autres acteurs avant lui, Russell Crowe a décidé de passer derrière la caméra et livre avec La Promesse d’une vie (The Water Diviner en VO) un premier film prometteur, malgré quelques longueurs et maladresses.
Après la mort de sa femme, un fermier australien part en Turquie à la recherche des corps de ses trois fils disparus lors de la bataille de Gallipoli. Il découvre un pays qui s’efforce de se reconstruire après le traumatisme de la guerre (l’Empire ottoman fait partie des perdants) et où gronde la révolte nationaliste. Contre toute attente, ce sont les ennemis d’hier qui sont le plus enclins à l’aider dans sa quête, alors que ses compatriotes l’enjoignent à retourner chez lui. Ainsi Joshua se rapproche d’Ayshe et de son jeune fils Orhan, qui pleurent un mari et un père, lui aussi tombé à Gallipoli. Par ailleurs, le colonel Hassan, qui commandait les troupes turques lors de la bataille, se révèle plus sensible à sa démarche que les officiers britanniques et australiens chargés d’identifier les morts.
En rapprochant les ennemis d’hier, le film rappelle en creux l’absurdité de la guerre conduisant des hommes qui, en d’autres circonstances, pourraient s’entendre à s’entretuer. Les flash-back montrant la bataille de Gallipoli ne permettent guère de distinguer les combattants australiens et turcs. Tous ne sont plus que des silhouettes assaillies par les tirs. Aucun jugement n’est porté sur les deux camps qui sont renvoyés dos à dos. Désormais, l’heure n’est plus à la vengeance mais au pansement des blessures, dans cette Turquie aux antipodes de l’Australie que le héros a laissée derrière lui.
Seul point noir dans le film : l’absence de toute évocation du génocide arménien perpétré par l’Etat ottoman dès 1915, alors que les premiers procès pour juger les responsables se tinrent en 1919, année des événements de La Promesse d’une vie. Cette absence fait déjà polémique, d’autant que les militaires turcs sont présentés sous un jour très positif.
Mais le propos du réalisateur est ailleurs : il s’agit de conter une histoire de réconciliation et de résilience, dans laquelle l’homme ordinaire, le simple père de famille, devient la véritable incarnation de l’héroïsme, prenant en défaut l’action guerrière horriblement absurde. Au-delà de la guerre, se fait jour la possibilité de la paix, une paix où chacun trouve enfin sa place.
Pour sa première réalisation, Russell Crowe se révèle un réalisateur talentueux et, en dépit de maladresses de débutant, le message humaniste de son film mérite amplement le déplacement dans les salles obscures.
Créée
le 27 avr. 2015
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