Ce film est un thriller paranormal, qui a la particularité d'aborder des faits réels.
La première chose qu'on fait à la suite de son visionnage est de comparer sa vraisemblance aux faits en question, ce qui pique particulièrement la curiosité de ce film comparé à un film classique sur la seconde guerre mondiale par exemple, dont la véridicité est évidente.
Il y a peu d'éléments concernant ces faits et il faut encore discerner les fausses informations des vraies; il est rapporté que plusieurs dizaines de personnes ont été témoins de l'apparition d'une créature humanoïde foncée avec des ailes et des yeux rouges, de taille importante, dans la ville de Point Pleasant aux Etats-Unis. Celle-ci cesse d'être perçue après l'effondrement d'un pont de cette même ville en 1967, les habitants l'ont alors interprété comme annonciatrice de mauvais présages.
Le réalisateur Mark Pellington a alors pris de grandes libertés, s'appropriant la légende pour ne pas qu'on reste sur notre faim.
Il met en scène un journaliste nommé John Klein qui a perdu sa femme dont on a découvert une maladie durant les analyses des dommages causés suite à un accident de voiture. Celle-ci, avant de mourir dit à John avoir vu quelque chose avant l'accident, il retrouvera après sa mort des dessins inquiétants d'une créature démoniaque qu'elle laisse. Je trouve que le réalisateur a su en peu de temps installer l'ambiance d'un couple parfait et heureux auquel on s'attache à travers John et sa femme Mary au début du film, mêlant humour, sensualité et l'achat d'une maison qui est une étape importante de leur union en seulement quelques minutes. En contradiction avec cette ambiance, j'aurais imaginé un écho d'émotion, de la tristesse fortement montrée en parallèle à tant de bonheur ressenti; mais c'est seulement bien plus tard dans le film qu'on voit John en pleurs, détruit par la mort de sa femme.
Par la suite, John prend sa voiture pour son travail mais se retrouve mystérieusement à Point Pleasant en panne, sans savoir comment il est arrivé là bas. En demandant de l'aide, il est menacé par un homme (Gordon) qui prétend que c'est la troisième fois que John le réveille en trois jours. John rencontre alors une policière (Connie) qui deviendra son amie. Elle lui explique que des évènements étranges se produisent dans cette ville depuis un moment, et elle accepte de faire lire les témoignages des habitants à John, curieux, et même de les lui faire rencontrer pour qu'il les questionne. Son enquête lui permet de faire le lien avec ce qu'à vu sa femme, quand un habitant montre un dessin semblable à ceux qu'elle faisait, il se sent alors concerné, et sa curiosité est alors insatiable. Il recense alors toutes les informations possibles les sur cette créature pour trouver des réponses. Il se tourne même vers un écrivain qui a traité ce sujet, Alexander Leek (à travers ce personnage, le réalisateur fait un écho à l'auteur du livre "La prophétie des ombres", John A. Keel, qui retrace dans son oeuvre les témoignages de cette créature à Point Pleasant). Cet homme nous donne des réponses pour nous orienter, expliquant que parfois il vaut mieux ne pas savoir et rester en vie, ces créatures sont plus évoluées et inexplicables, les comprendre ou les arrêter est impossible et essayer inutile. Le film passe d'une enquête approfondie basé sur des faits en l'apparence concrets (témoignages, dessins) à une lourdeur de paranormal qui plombe le rythme. Par exemple Gordon finalement se confie à John concernant des apparitions, et des prédictions sur des accidents qui se vérifient par la suite. La première prédiction pimente l'action du film, donnant la preuve la plus concrète du caractère réel de ce qu'il se passe; mais par la suite, il est sujet à d'autres prédictions, et semble devenir l'entremetteur entre créature (dite l'homme papillon, the mothman en anglais) et les hommes se comportant comme s'il faisait copain-copain avec. Alors que les autres ne l'ont vu qu'une fois, lui la voit tout le temps, il l'attend même à certains endroits, et elle lui parle. Sa femme le quitte et il semble obnubilé par la créature. De plus, lorsque John est chez lui, il reçoit un appel de Gordon qui dit avoir la créature à côté de lui et il la lui passe au téléphone pour un dialogue, on apprend juste après qu'il dormait et ne téléphonais pas. Se sont des éléments de la sorte (comme lorsque la voie de John est utilisée lors d'un appel) qui sont là pour ajouter du suspens inutile à l'intrigue du film qui perd de son sérieux. Il y avait pleins de manières d'imaginer un contact entre la créature et John, d'autant que ce contact n'apporte pas beaucoup de réponses.
Gordon est une excuse pour le réalisateur afin de faire avancer l'intrigue à sa guise, c'est celui qu'on prend pour un fou, mais qui est utile grâce à ses prédictions, John peut questionner une personne proche de la créature grâce à lui, et on se débarrasse de ce personnage dans une mort illogique, il est juste devenu inutile à la suite de l'histoire, ajoutant une pincée de morbide à la découverte de son corps.
Le réalisateur prend d'avantage de libertés par la suite, la policière annonce que Mary est venue la voir et lui dire des choses qu'elle lui a dit avant sa mort (son souhait que John vive heureux par exemple), John reçoit une lettre de la créature annonçant que Mary va l'appeler chez lui à midi le lendemain. Ce sont des incohérences, le mythe est mal maîtrisé pour ajouter vainement de l'émotion et du suspens. La créature qui à l'origine est juste aperçue par des habitants se met à écrire, s'attaquer personnellement aux personnes en se servant de leurs proches décédés, se fait passer pour eux...) Les débuts de prédictions et les premiers échanges avec elle coloraient le film, mais le reste est trop décalé et on se perd dans la compréhension de la nature même de cette créature qui semble jouer de manière sadique avec John en se servant de Mary.
Les incohérences se poursuivent lorsque John écoute le message pour rentrer chez lui pour le coup de téléphone de sa femme. Alexander Leek explique que si cette créature l'a fait venir à Point Pleasant, c'est pour qu'il y meure, que des choses terribles vont s'y passer, on ne comprends alors pas l'intérêt qu'à la créature de l'y faire sortir pour un simple appel qui aurait pu être reçu dans sa chambre d'hôtel, d'autant plus qu'après avoir refusé l'appel de chez lui, John rentre et non grâce à la créature mais grâce à la policière qui refuse qu'il passe noël seul. A son retour rien n'a changé, l'intrigue ne progresse pas grâce à ça. La scène du pont s'en suit, elle est un peu trop longue; coïncidence, la policière se trouve sur le pont, dans un embouteillage de véhicules. John comprend qu'une prédiction qu'il a eu il y a quelques jours ne concernait pas l'explosion d'une ancienne usine chimique de la ville mais de l'effondrement du pont. Celui-ci s'écroule, et le réflexe stupide de la policière est de retourner dans sa voiture pour prévenir des agents, comme si personne ne le ferait parmi les spectateurs du pont, ou que la police allait empêcher ça. Elle se retrouve donc évidemment coincée dans sa voiture qui tombe à l'eau, et par miracle John plonge et parvient à la sauver. On se pose alors la question, si la créature manipule le destin ou prédit des catastrophes, qu'elle a fait venir John pour qu'il en meurt, pourquoi est-il toujours en vie? Le film se termine avec la révélation qu'à la policière en apprenant qu'il y a 36 victimes, et qu'elle a fait un rêve au début des apparitions dans lequel elle se noyait et qu'une voix lui disait de se réveiller, en la surnommant le numéro 37. Cette révélation lui permet de faire partie des témoins et de croire enfin tout ce qu'il se passe dans cette ville depuis un an, car elle recueillait les informations sans vraiment les croire.
Le film affirme qu'on ne connait pas la raison de l'effondrement du pont alors que d'après mes recherches, celui-ci a été conçu dans les années 20, et n'a pas été prévu pour des véhicules tels que de lourds camions. L'embouteillage a permis d'agrandir une micro fissure car le poids était trop important. Cela ne ruine en rien l'ambiance du film car la créature n'est pas la cause des cataclysmes, elle est juste annonciatrice de leur venue.
Conclusion:
Ce film est un thriller plein de suspens, qui n'est pas imprévisible mais qui tient un bon rythme presque tout le long. Le réalisateur se base sur une histoire vraie tirée de témoignages, mais a conservé une part de liberté. Le sujet du paranormal est parfois traité maladroitement, avec de petites incohérences. Le film nous apporte une part de réponse sur le phénomène, il ne se réfugie pas dans l'absence totale d'explications sous prétexte que c'est du paranormal; le réalisateur laisse une part de mystère sans nous laisser sur notre faim.
Un film à voir au moins une fois, bon divertissement sans créer de surprise folle. Les acteurs sont bons, et le fait que ce film relate des faits réels lui créé une attractivité particulière, il change des films d'histoire vraies habituels.