Si les données historiques permettent de situer le(s) temps du film, sa narration relève davantage de la fable ou de la parabole théâtrale. La quatrième voie se déroule au Pendjab en 1984 alors que les partisans Sikhs s'opposent au gouvernement indien.


Le récit contient deux histoires imbriquées l'une dans l'autre. La première se déroule dans un train et appelle la seconde de la même manière que le narrateur d'un conte viendrait raconter un épisode édifiant de sa vie passée. L'action se situe alors dans une famille isolée dont la ferme semble se trouver au croisement du conflit qui gronde au loin.


Parents, enfants, grand-parents et chien se retrouvent au centre d'une non-action, en marge d'une guerre qui les dépasse, victimes collatérales sans marge de manœuvre, sans "quatrième voie". Il faut satisfaire les partisans, ne pas froisser les militaires, faire profil bas.


La narration joue avec le temps, l'étire avant de le précipiter, distillant angoisse et attente dans une représentation presque abstraite de l'impuissance. Par glissements progressifs, c'est le chien qui devient l'enjeu d'un récit absurde et métaphorique : sa mort est réclamée par les uns et les autres, partisans et militaires. En cause, ses aboiements intempestifs, son comportement irrationnel, son incapacité à se soumettre. La question ronge la famille. Le père hésite, le fils a peur, tout le monde se préoccupe du sort du chien.


Loin du bling bling bollywoodien, la mise en scène sobre de Gurvinder Singh, la lenteur narrative et le jeu presque neutre des comédiens amateurs donnent au film une identité singulière. Placée hors du temps, la fable devient universelle.

pierreAfeu
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le 3 mars 2017

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