On attendait Lucas Belvaux avec impatience après la superbe réussite de sa trilogie, et force est de constater que "la Raison du Plus Faible" ne tient pas toutes ses promesses : si Belvaux y mélange une nouvelle fois les genres (polar sec et constat social dépressif cohabitent dans un même film), c'est avec moins de bonheur cette fois. Est-ce la faiblesse de certains interprètes qui plombe les scènes qui se voudraient (un peu) drôles, mais on ne peut pas s'empêcher de penser au cinéma anglais - et à Ken Loach en particulier - qui sait autrement faire exister son prolétariat condamné par le libéralisme ? Quant au polar lui-même, si Belvaux fait naître une belle et juste tension dans sa description - minimale mais ô combien efficace - du casse, il commet à mon avis l'erreur de clore son film sur le personnage plus "cinématographique" du petit truand qu'il interprète lui-même, sacrifiant les autres personnages à un romantisme anarchiste séduisant mais assez hors sujet. [Critique écrite en 2006]