Lucas Belvaux aura fait un magnifique parcours depuis sa première appariation en 1980 dans « Allons z’enfants ». De jeune acteur brillant, dont on a pas mesuré le vrai talent, il se réfugie dans la mise en scène qui lui vaut en 2003 la reconnaissance de ses pairs avec sa trilogie : « Un couple épatant », « Cavale » et « Après la vie ».
Il nous revient cette année avec « La raison du plus faible » vraisemblablement son film le plus personnel contenant des éléments émanant directement de son vécu, la Belgique, le milieu ouvrier familial… L’histoire par elle-même est intentionnellement simpliste. Quatre hommes au bord de l’exclusion et à court de ressources financières vont s’associer pour organiser « un casse ». Et sur cette base, Belvaux va nous dépeindre leur quotidien certes désespéré et désespérant mais aussi empli de vraies valeurs empreintes d’entraide, d’amour, d’amitié et de générosité.
De manière lancinante à l’image de la musique presque omniprésente sur tout le film, il provoque lentement la montée en puissance d’un drame dont on connaît l’issue dès le départ. Belvaux aime ses personnages et réussi à nous communiquer cette passion.
C’est la grande qualité du film, mais aussi son plus gros défaut. A trop vouloir s’épancher sur eux, le film traîne quelque peu en longueur et manque d’un vrai rythme. Mais cette imperfection est vite pardonnée au regard de ces plans aériens sublimes des cités ouvrières, de ses contrastes de lumière et d’actions et de cette formidable bande d’acteur que l’on voit trop peu souvent et c’est bien dommage : Lucas Belvaux en tête, rarement aussi intense, Eric Caravaca à faire fondre un cœur de pierre, Pierre Descamps (déjà excellent cette année dans « Itinéraires ») et Claude Semal, vibrant.