L’une est brune. L’autre est brun. Entre eux, un petit garçon blond. C’est un trio de circonstances. Amateurs de paysages où la grandeur se mêle à l’inhospitalier, vos yeux seront graciés. Aux autres, rebelles de la contemplation, méfiez-vous des rayons enchanteurs du dieu Râ : rapace à la lumière avilissante. Car c’est bien la mort, consœur de la clarté, qui fera de cette équipée un quatuor solaire. Née omnisciente, elle entoure le cadre ainsi que le film lui-même. Du désert asséché au ciel bleu, vide de tout mouvement, elle fait corps avec l’image. Son visage ? Le soleil. Lui-même. Être complet, divin omnipotent, il est vérité tant il est cruel qu’absolu. Magnifique et pur comme peut l’être un vivant, oui, il noie la terre brulée du pays aborigène de ses rayons bénis par les caresses d’un vent séculaire. Mais n’ayez crainte. Laissez-vous plutôt baigner la : dans les couleurs érotisantes qu’il daigne nous servir en festin. Cessez un instant de voir l’espoir comme un mirage lointain et préférez-lui la clémence empruntée d’une oasis oubliée. Après tout, soleil n’est-il pas pater e matrice de toute vie sur terre ?
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Tout juste aplani, jamais uniforme, il y a le désert : miroir du jour. Grains de sable par millions, dunes imitées aux flans des marâtres, draps immaculés du monde grouillant, mer aux cent écumes, il en est trois qui le parcourront. Et pourtant, ces enfants anonymes sont bien plus que de martyrs voyageurs. Restés en marge de la civilisation ; occidentaux ou natif, ils s’accordent dans un naturel de résistance. Esprits égarés, mêlant le songe et l’agir, luttez donc pour la survie du feu intérieur séjournant au cœur.
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A ceux qui n’osent aventurer corps, âme et regard, qu’au futur, au conditionnel plutôt qu’au présent.
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Boire, s’abreuver, se désaltérer du sang de la durée. Roeg exprime la douleur en l’inscrivant dans un âge d’éveil : l’adolescence, printemps de la vie oú l’émoi passe du bourgeon à la fleur. Ainsi, l’errance ne se veut pas seulement spatiale, mais également temporelle. Elle se veut expérience sensorielle, nourrissant les esprits d’idées neuves, d’images inextinguibles et de fantasmes alors inconnus, instruisant la mémoire ainsi que la vue d’éléments pluridimensionnels. Mystères et souvenirs se réunissent dans un élan universel, tout comme le ciel avec la terre lorsqu’ils enfantent de l’horizon.